Critique : Les Mondes de Ralph

 

Un film de Rich Moore. Avec les voix originales de John C. Reilly, Sarah Silverman, Jane Lynch. Sortie le 5 décembre 2012.

 

Disney est de retour en ce mois de Noel pré-apocalyptique et nous offre avec Les Mondes de Ralph un voyage détonnant dans l’univers mystérieux et animé des jeux d’arcades.

 

NOTE : 3.5/5

 
Ralph est un méchant n’ayant que pour seul objectif dans le jeu : la casse. Face à lui, Félix Fixe, multi-médaillé et aimé de tous. Tout bascule, quand le démolisseur indigné décide de prendre son destin en main. Il ne veut plus être le méchant et pour cela, se promet d’obtenir médaille et considération en pénétrant illégalement dans les jeux qui lui permettront d’arriver à ses fins. Ses pérégrinations vont le mener à Vanellope, elle aussi exclue dans son jeu. Les deux héros ratés et complexés vont devoir unir leur force pour détourner les règles et atteindre leurs objectifs. A l’exemple de Toy Story des studios Pixar, dans lequel des jouets prenaient vie, le film parvient à nous surprendre, au-delà des similitudes. On se laisse volontiers surprendre par une idée originale qui nous enchante dès le départ en nous faisant accéder au microcosme merveilleux de ces héros, aux préoccupations humaines et actuelles. Un bien joli cadeau de Noel signé Rich Moore à destination des grands enfants. Car si le dynamisme du périple nous permet de suivre la partie jusqu’au bout, on se dit que les plus petits chérubins  seront un peu perdus face à la gymnastique intellectuelle qu’impose le scénario. Quoi que… Le génie de Ralph est de nous faire voyager clandestinement au-delà des limites. Il invite les moutons rebelles à sortir des rangs pour une joyeuse transhumance, riches en esthétisme et en couleurs. Passant de l’imagerie old school, en clin d’œil aux nostalgiques, au monde sombre de Hero’s Duty, on s’attarde pour finir dans le jeu rose acidulé de Vanellope (à bonne dose de sucres d’orge, de rivières de gélatine et de bonbons multicolores en tous genres).

 

© Walt Disney Pictures

 

Sugar Rush ravira les plus jeunes spectateurs et les gourmands, sans oublier les semi écolos qui apprécieront la voiture délicieusement comestible de son héroïne. Les plus avertis regretteront sans doute un passage trop expéditif chez les gros bras de Hero’s Duty, plus belle réussite du film d’un point de vue visuel. Au passage, si dans cette aventure on aime croiser, au détour d’un chemin, les bons vieux Pacman et Sonic, on voudrait au contraire prendre la poudre d’escampette quand les publicités intempestives, à coup de Subway, Oréo, Bounty… se rappellent à notre bon souvenir. Le périple fait la part belle aux héroïnes avec le sergent Calhoun ou la petite Vanellope aux caractères bien trempés. Si on aime que les femmes soient ici mises sur un piédestal, on regrette que le personnage principal soit le moins travaillé et presque, le moins intéressant de toute cette cohorte de personnalités excentriques. Il a néanmoins le mérite de porter en lui les maux d’une civilisation à la dérive. En effet, le leitmotiv de Ralph est de ne plus être le méchant et d’accéder à la reconnaissance sociale grâce à la médaille. Sa rencontre avec Vanellope bouscule ses convictions et offre aux spectateurs une réflexion sur la question des apparences, de la reconnaissance, du jugement. A travers lui, on peut s’interroger, sur le véritable propos du film. Quand on lui demande ce qu’être méchant signifie, il répond en faisant référence au manque d’hygiène, à la solitude et à un ennui mortel. Il en va de rappeler que Ralph vit seul, dehors, dans un tas de brique… Ceux qui avaient été débranchés ou qui n’étaient pas satisfaits de leur position, acceptent l’idée qu’un travail…n’est après tout qu’un travail. Un Disney de crise?

 

Les joueurs pensaient la partie terminée, les héros récompensés, les méchants achevés. Bas les masques ! Disney transcende le « Game over » et nous invite à l’after !