Un film de Julien Carbon et Laurent Courtiaud. Avec Frédérique Bel, Carrie Ng. Sortie le 27 avril 2011.
Quand deux frenchys s’expatrient à Hong Kong, le résultat est forcément hors normes. Démonstration…
Note : 3/5
Anciens journalistes et critiques, Julien Carbon et Laurent Courtiaud ont contribués à faire connaître le cinéma HK en France dès les années 90. Remarqués par Tsui Hark en 1996, ils rejoignent sa boite de prod’ Film Workshop. Là bas, leur parcours en tant que scénaristes oscillera entre le bon (Running out of Time de Johnny To) et le franchement mauvais (Black Mask 2, Le Talisman) avec, à la clé, une pelleté de réécritures en tous genres. Loin d’être découragés, ils passent aujourd’hui le cap de la réalisation avec Les Nuits rouges du bourreau de jade. Pot pourri d’influences en tous genres, leur film conte l’affrontement entre deux femmes autour d’un précieux élixir. Dès sa séquence d’introduction, Les nuits rouges… fascine par son ambiance ouatée où désir et douleur flirtent dangereusement avec en point d’orgue une sublime exécution que n’aurait pas reniée le Marquis de Sade. Dès lors saura-t-on que ces étranges nuits rouges seront placées sous le signe de la perversion. Le ton est donné ! Mélangeant les codes du giallo, du thriller, sans oublier de lorgner vers les films de catégorie III (genre inhérent au cinéma HK bien connu pour sa violence et/ou érotisme extrême), le long métrage du duo Carbon/Courtiaud sonne comme un cri d’amour au cinéma déviant enveloppé dans une esthétique ultra léchée.

Lentement mais surement, Les Nuits rouges… exerce sur le spectateur un doux parfum de fascination jusqu’au morceau de bravoure final aux jouissives exactions gore. Serait-on face à l’un des meilleurs films de genre français ? Oui et non dans la mesure où il témoigne d’une sensibilité beaucoup plus orientale qu’occidentale. Il faut bien l’avouer, le film aurait nettement gagné à ne jamais faire la jonction entre cinéma HK et français tant ces deux là apparaissent aux antipodes l’un de l’autre malgré d’évidents points communs. Preuve en est avec la présence d’une Frédérique Bel peu à l’aise. Jamais crédible en femme fatale, notre blonde nationale récite bien sagement son texte, expurgeant ainsi de toute tension ses affrontements avec la sublime Carrie Ng qui aurait méritée Némésis moins faiblarde. Un mauvais point qui avouons le a pour conséquence de nous sortir partiellement du film comme si quelque chose (ou quelqu’un) n’était pas à sa place. Dommage aussi que les réalisateurs, trop occupés jouer la carte de l’iconisation à outrance, prennent un peu trop leur temps. Une approche à double tranchant car à trop doser leurs effets, le duo infernal oublie quelque peu son histoire et son public en route.
En dépit de ces défauts, Les Nuits Rouges… demeure un bel exercice de style qui saura vous emporter pour peu que vous vous laissiez bercer par son ambiance.