Critique : Mission : Impossible – Rogue Nation

 

Un film de Christopher McQuarrie. Avec Tom Cruise, Rebecca Ferguson, Simon Pegg. Sortie le 12 aout 2015.

 

Tom Cruise roule, vole, virevolte dans le blockbuster le plus haletant de l’été !

 

Note : 4/5

 

Cela fait quasiment vingt ans maintenant que Tom Cruise défie à peu près toutes les lois de la physique sous les traits d’Ethan Hunt, agent secret aux méthodes peu conventionnelles. Qu’il soit en suspension dans une salle secrète de la C.I.A ou en train d’escalader le plus haut building d’Abu Dhabi rien ne semble impossible pour l’acteur qui a récemment soufflé sa 53eme bougie. Si bien qu’on se demande quel peut bien être le secret d’une telle longévité. Le comédien plonge-t-il régulièrement dans le puits de Lazare ? Utilise-t-il des mégas dopants ou a-t-il été béni par les potes extra-terrestres de son gourou L.Ron Hubbard ? Et au final est-ce si important ? Véritable Dorian Gray du cinéma américain, Cruise a trouvé en la franchise Mission : Impossible le meilleur moyen de cristalliser ce combat permanent contre le temps et la gravité en offrant des morceaux de bravoure toujours plus démentiels. Demiurge mais pas didactorial, l’acteur/producteur a toujours su s’entourer de réalisateurs aux univers particulièrement intéressants avec comme grande intelligence de les laisser apposer leurs griffes sur chaque volet de la saga. Brian de Palma, John Woo, J.J. Abrams, Brad Bird… la saga affiche un sans- faute dans la liste de ses artisans ajoutant cette fois à son palmarès le toujours très efficace Christopher McQuarrie. Si leur précédente collaboration, Jack Reacher, peinait à convaincre, c’est parce qu’elle s’échinait avec le plus grand mal à ériger Tom Cruise en icône hard boiled ancré dans une réalité qui lui sied mal. Or, le comédien n’est jamais aussi bon que lorsqu’il cultive son aura fantasmagorique. Une impression qui se confirme dès la séquence d’ouverture (référence directe à un niveau clé du jeu Uncharted 3) qui voit notre héros attraper un avion en plein vol. Dès le début, le ton est donné : ce volet-là prendra un malin plaisir à mettre son personnage principal en danger quitte à le tuer symboliquement et physiquement pour mieux le ressusciter quelques minutes après ! Dans cet opus, Ethan Hunt se lance à la poursuite du Syndicat, une sorte d’anti Mission Impossible ambitionnant de faire vaciller l’équilibre mondial. Rien que ça ! Mais plus qu’une entité, c’est le diabolique Solomon Lane, que Hunt va devoir affronter. Un ennemi particulièrement redoutable anticipant les moindres faits et gestes de l’agent secret. Et si Hunt avait trouvé son double maléfique parfait ? Un pitch particulièrement intéressant qui permet au film de jeter un coup d’œil dans le rétro en revisitant malicieusement quelques-uns des moments les plus emblématiques de la saga comme autant de preuves de son caractère intemporel.

 

Paramount Pictures
Paramount Pictures

 

Car Cruise n’est pas seulement la star de la saga, il est aussi son âme, sa raison d’être. Sans lui, les missions de l’IMF perdraient de leurs superbes, dussent-elles être les plus invraisemblables possibles. Cette incarnation dans la franchise, ce 5eme volet en fait son mantra au point de lui conférer un statut à part, presque irréel. Mais Mission : Impossible – Rogue Nation ne se contente pas de faire dans le méta et la référence à outrance, loin de là. Une fois encore, Mission : Impossible explose les codes qu’il a précédemment établis. Toujours plus fort, plus haut (c’est le cas de le dire !), cet opus ne lésine pas sur les morceaux de bravoure tous plus intenses les uns que les autres. Une intensité renforcée par la mise en scène très « artisanale »  de McQuarrie comparse faisant décidément beaucoup de bien à Tom Cruise (on lui doit notamment les scénarios de Walkyrie et Edge of Tomorrow dans lesquels l’acteur s’est montré particulièrement excellent) et dont le savoir-faire en termes de gestion de scènes d’action faisait déjà merveille dans The Way of The Gun et Jack Reacher. Bien décidé à ne pas laisser la saga se reposer sur ses lauriers, il insuffle à ce nouvel opus une ironie mordante bienvenue à l’aube de ses vingt ans d’existence. Plus qu’un blockbuster dopé à l’adrénaline, Mission : Impossible – Rogue Nation est un divertissement intelligent aux multiples niveaux de lecture mis en valeur non seulement par Cruise mais aussi et surtout par ses seconds couteaux. Véritable révélation du film, la très belle Rebecca Ferguson (Hercule) insuffle au film un souffle supplémentaire à travers un personnage au nom hautement symbolique (Ilsa Faust) preuve supplémentaire que la saga trouve aussi sa raison d’être dans ces formidables jeux de dupes qu’elle se plait à mettre en place depuis 1996. Simon Pegg quant à lui renvoi malicieusement le film à son statut de passerelle avec le public tandis que Jeremy Renner offre une distanciation nécessaire mais néanmoins drôle. Il en résulte un film d’espionnage, au sens noble du terme, spectaculaire, porté au pinacle par des séquences hallucinantes transcendant avec malice les opus précédents.

 

 

Fun et ludique, Mission : Impossible – Rogue Nation revisite avec malice et panache les fondements d’une saga qui n’est pas prête de s’arrêter.