Critique : Or Noir

 

Un film de Jean-Jacques Annaud. Avec Tahar Rahim, Antonio Banderas, Marc Strong. Sortie le 23 novembre 2011.
 
Tahar Rahim s’oppose à Marc Strong et Antonio Banderas sur fond de découverte du pétrole. Arabie, ton univers impitoyaaaable !
 

Note : 3/5

 

Avec son casting quatre étoiles (Tahar Rahim, Antonio Banderas, Marc Strong), ses superbes décors naturels et une intrigue mêlant la petite à la grande Histoire, Or Noir semble marquer le retour de Jean Jacques Annaud vers un cinéma plus romanesque bien loin des pitreries de Sa Majesté Minor. A croire que le cinéaste n’est jamais mieux que quand il s’exporte. Or Noir va t-il inverser la tendance ? Oui et non. Situé dans les années 30, le film raconte la rivalité entre deux tribus en pleine découverte du pétrole. Judicieuse réflexion sur la toute puissance du capitalisme et comment celui-ci prend peu à peu le dessus sur la tradition, Or Noir oppose deux pensées différentes et prend à parti les témoins de cette lente mutation. A la question : le pétrole et le dieu dollar peuvent il gangréner une société au point de lui faire perdre son identité ? Annaud préfère décliner sa réponse sous plusieurs formes, pesant le pour et le contre des bienfaits apportés par la découverte du pétrole sans jamais verser dans le discours moralisateur. Et ce, en dépit de quelques fautes de gout assenées par l’insupportable musique d’un James Horner en mode recyclage, beaucoup trop appliqué à singer Lawrence d’Arabie auquel on ne manquera pas de comparer Or Noir. Une gageure tant les deux métrages n’ont pas grand chose à voir si ce n’est les plaines ensablées d’Arabie prétexte à de superbes plans. D’un coté, nous avons un chef d’oeuvre majestueux et impérissable, de l’autre une tentative de comprendre comment un peuple fait face aux affres du monde moderne. Soit deux approches et conceptions totalement différentes.

 

© Warner Bros Pictures

 
Ainsi, le principal reproche que l’on pourrait adresser à Or Noir et de jongler beaucoup trop souvent entre film d’aventure et analyse sociologique. D’où un rythme en dents de scie donnant l’impression de se retrouver devant un métrage un peu schizophrène qui peine à trouver sa mélodie. Le cul entre deux chaises, Or Noir n’assumera vraiment sa fonction qu’au cours d’une dernière partie conclue par une impressionnante bataille finale. Dès lors, le film de Jean Jacques Annaud trouve enfin  son souffle et s’assume comme une fresque épique comme le cinéaste sait si bien les faire avec la passion qu’on lui connaît. Coté acteurs c’est encore une fois Tahar Rahim qui tire son épingle du jeu en  prince naif tiraillé entre tradition et modernité, père biologique et père spirituel. Toujours aussi impeccable, Marc Strong en impose en émir traditionnaliste tandis qu’Antonio Banderas ne semble pas remis du Chat Potté et nous offre un beau numéro de cabotinage (en même temps difficile d’être crédible quand on campe un émir arabe à l’accent espagnol très prononcé). Le gros coup de gueule est à voir du coté de la sublime Freida Pinto, scandaleusement sous exploitée. Un nouveau coup dur après La Planète des Singes : les origines où elle excellait déjà dans le rôle de potiche. Dommage tant il est évident qu’elle mérite beaucoup mieux.

 

Ambitieux et bien réalisé, Or Noir aurait toutefois gagner à trainer moins la patte et s’imposer davantage comme une fresque épique. Un acte à moitié manqué mais un bon acte quand même !