Critique: Paris Manhattan

 

Un film de Sophie Lellouche. Avec Alice Taglioni, Patrick Bruel. Sortie le 18 juillet 2012.

 

 

Pour son deuxième film, Sophie Lellouche fait un aller-retour charmant mais un peu expéditif entre Paname et la Grosse Pomme.

 
 

Note : 2/5

 

Des tracas de l’adolescence aux questionnements existentiels de sa vie adulte (Où vais-je ? Dans quel état j’erre ? Le célibat est il une fatalité ?), la seule chose restée intacte dans la vie d’Alice toutes ces années, c’est le poster de Woody Allen fixé au mur de sa chambre.  C’est avec ce confident muet – qui lui répond en voix off – qu’elle s’épanche régulièrement sur ses amis, ses amours, ses emmerdes AKA sa sœur, son travail à la pharmacie et ce monsieur qu’elle n’arrête pas de croiser dans les rues de Paris. Comédie légère partant d’une idée originale, le dernier long-métrage de Sophie Lellouche bénéficie d’une réalisation fluide et d’un scénario truffé de situations amusantes. Le public du BRFF (où le film a été projeté pour la première fois/NDLR) en tout cas semble avoir été séduit à en croire les rires qui fusaient régulièrement dans la salle. Il faut dire que le film bénéficie d’acteurs plus ou moins doués (Il apparaît que Patrick Bruel est bon acteur ; du coup je me demande si Alice Taglioni sait chanter, elle) … et surtout d’un joli invité surprise.
 

Alice Taglioni dans Paris Manhattan
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Mis à part ces quelques moments de grâce, le film de Sophie Lellouche, même s’il  est pavé de bonnes intentions, s’avère être un film globalement beaucoup plus tiède que l’Enfer.  Son intro est hachée à coups d’ellipses, ses résumés et coïncidences parfois trop simplistes pour être honnêtes ; mais tout cela pourrait être oublié si le scénario avait pris le temps de se pencher un peu davantage sur la relation entre l’héroïne et son réalisateur fétiche. Car en fin de compte,  la passion pour un cinéaste se résume à dialoguer intérieurement avec son poster au mur et offrir les DVD de ses œuvres au premier quidam venu (braqueurs à main armée y compris). Dommage que la pharmacienne ne nous donne pas un peu plus à nous mettre sous la dent. L’univers de Woody Allen est survolé : dès les premières minutes on sait qu’il a couché avec sa fille mais nulle part il n’est question de sa filmographie (ah si, quelqu’un évoque Manhattan à un moment), de ses thèmes de prédilection omniprésents, de ses névroses à l’humour juif en passant par Manhattan – justement, on n’y passe pas spécialement. Au final, cette idylle allenienne semble ne servir que de prétexte à une autre histoire d’amour cinématographique, assez convenue. Comme dirait Pierre Mortez dans ce film français devenu culte : «  je n’aime pas dire du mal des gens mais effectivement il est gentil. ». En ce sens, Paris Manhattan est un film gentil.

 

Joli et sucré comme une boisson à bulles, Paris Manhattan pétille, mais ça reste de l’air : beaucoup de Paris mais pas beaucoup de Manhattan.