Critique : Reality

 

Un film de Matteo Garrone. Avec Aniello Arena, Loredana Simioli, Nando Paone. Sortie le 3 octobre 2012.

 

Après la Cosa Nostra, Matteo Garrone s’attaque à l’univers presque aussi fourbe de la télé. Gagne t on vraiment au change ?

 

 Note : 2/5

 

Difficile d’entamer une vraie réflexion sur le nouveau film du talentueux Matteo Garrone tant celui ci nous avait époustouflé il y a 4 ans avec Gomorra.  Et autant le dire tout de suite, Reality n’arrive pas à la cheville de son prédécesseur…Sortant sur les écrans 15 ans après la folie «  téléréalité », le film n’intéresse plus avec son train de retard. Aujourd’hui considéré à juste titre comme un repère de benêts (et ça vaut pour les deux coté de l’écran), de manipulation médiatique des masses et de scénarisation d’une jeunesse qui n’a rien à dire, cette forme écœurante de divertissement à suffisamment été étudié et mise au devant de la scène pour qu’on se prive d’en remettre une couche. Porté par une intrigue on ne peut plus fade et en absence de réel élément  déclencheur, le film envoie à nos mirettes consternées son manque d’écriture et, une fois n’est pas coutume, une réalisation abusant de plans séquences et de travellings inutiles. Reality n’intéresse pas et nous achève par une bande sonore insupportable, des cris de poissonnier incessants et un bruit environnant contraignant l’auteur de ces lignes à se boucher les oreilles durant la projection ! Un comble…

 

Reality de Matteo Garrone
© Le Pacte

 

Ce manichéisme se voit heureusement sauvé par deux éléments salvateurs inattendus. Tout d’abord une distribution formidable portés par des acteurs au diapason, notre héros bien entendu mais aussi ce second rôle d’homme de l’ombre dont la tristesse et l’intelligence transpire à chaque plan. Formidable Nando Paone. Enfin, on soulignera l’évocation de la charité (chrétienne pour le coup) dans un monde de paillettes et de futilité, souvent mis en exergue par des gens qui justement ne possèdent rien. Un début de réflexion tout à l’honneur de l’auteur. Celui ci aurait d’ailleurs surement fait mieux d’en faire le cœur de son récit au lieu de s’intéresser à une thématique déjà descendu depuis plus d’une décennie… Dommage. On pouvait attendre bien mieux eu égard au talent de son créateur et on lui souhaite de retrouver l’inspiration. Une page se  tourne sur l’univers clinquant et hypocrite de la téléréalité, il reste donc de l’espoir…

 

 

Prétentieux, bruyant et presqu’aussi vain qu’un épisode de Loft Story, le film au moins le mérite d’assumer son décalage avec la réalité de l’intérêt sociétal.