Critique : Savages

 

Un film d’Oliver Stone. Avec Salma Hayek, Benicio del Toro, Taylor Kitsch. Sortie le 26 septembre 2012.

 

Monsieur Stone revient sur le grand écran avec l’adaptation du roman éponyme de Don Winslow, et plonge au cœur des gangs de narcotrafiquants. Un thriller haletant sur fond de tétrahydrocannabinol.

Note : 3/5

 

La Californie, c’est des kilomètres de plages paradisiaques, des jolies filles quasiment nues et des palmiers qui flottent au vent… mais c’est surtout un terrain fertile pour faire pousser de la marijuana. Cela, Ben (Aaron Johnson) et Chon (Taylor Kitsch) l’ont bien compris, c’est même grâce à ça qu’ils sont devenus riches. En combinant les qualités d’entrepreneur  philantrope de l’un et l’entraînement militaire de l’autre, les deux acolytes gèrent un business de Marie-Jeanne plus que rentable. Ces deux meilleurs amis s’entendent tellement bien qu’ils partagent tout, même leur copine : en effet, la charmante O. (Blake Lively), une blondinette issue de la jeunesse dorée californienne, partage le lit des deux businessmen de la fumette. Mais pas n’importe quelle fumette : confortablement installés dans leur condo avec vue sur la mer, ces deux hommes cultivent pas moins que la meilleure beuh de la planète ! Une plante d’une telle qualité, forcément, ça ne passe pas inaperçu, et l’existence idyllique de ce ménage à trois va être bousculée lorsque la marraine du cartel de drogues mexicain local va faire une OPA sur leur petite entreprise. Et quand la mafia fait une offre… on sait que c’est du genre de celles qui ne se refusent pas. Pourtant Ben et Chon ne le savent manifestement pas, et  pensent pouvoir faire fi des propositions d’Elena (Salma Hayek) et de ses hommes de main aussi tendres et saignants qu’un steak argentin (Benicio del Toro incarne Lado avec une justesse qui n’a d’égal que sa laideur). C’est là que les choses vont commencer à se gâter, et que les choses vont prendre un tournant… sauvage.

 

Blake Lively et Benicio Del Toro dans Savages d'Oliver Stone
© Pathé Distribution

 

Que ses films abordent le sujet de la guerre (Platoon), de la finance (Wall Street) ou encore d’événements historiques (Alexandre), Oliver Stone est un réalisateur qui ne lésine pas sur les moyens d’en mettre au spectateur plein la vue.  Soit par un casting explosif peuplé de grands noms du grand écran (Cruise, Brolin, Kilmer) soit par une violence crue imposée par ses choix thématiques. Hormis ces constantes filmiques auxquelles Savages ne fait pas défaut, le dernier opus d’Oliver Stone se démarque par sa photographie aux couleurs savamment contrastées : de la végétation californienne aux bas-fonds des bordels mexicains en passant par les tracés florissants sur la peau de la narratrice, les motifs bariolés de Savages s’impriment sur la rétine. Travaillant de pair avec l’auteur du roman sur la construction du scénario, le réalisateur livre ici une fresque colorée et captivante du monde dangereux du narcotrafic, et des sauvages qui le peuplent. Ce n’est sans doute pas un des films majeurs dans la carrière de ce vétéran du septième art, mais ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir pour autant.

 

S’il s’emmêle parfois les pinceaux et peine à convaincre jusqu’au bout, Savages  n’en est pas moins un excellent divertissement, au casting qui envoie du lourd, réalisé par un des maîtres du genre.