Critique : Sécurité rapprochée

 

Un film de Daniel Espinosa. Avec Denzel Washington, Ryan Reynolds, Brendan Gleeson. Sortie le 22 février 2012.

 

Qui a dit qu’un émule de Jason Bourne devait forcément n’être qu’une pâle copie ? Pas Sécurité rapprochée qui habille Taken et Sans identité pour l’hiver.

 

Note : 3/5

 

Remarqué grâce à son très bon Easy Money, Daniel Espinosa revient moins d’un an plus tard avec son premier film international censé lui ouvrir en grand les portes hollywoodiennes. Sécurité rapprochée sonne donc comme un test pour son réalisateur devant faire ses preuves avec une  machine commerciale musclée, tout en essayant d’imposer sa marque dans un système de production qui tolère rarement les initiatives artistiques personnelles. La manœuvre est délicate, nombreux sont ceux pouvant en témoigner. De prime à bord, Sécurité rapprochée (Safe House en VO) a tout du thriller d’action marchant ouvertement sur les plates bandes d’un certain Jason Bourne. Outre que l’un et l’autre partagent le même studio (Universal) et le même directeur de la photographie (Oliver Wood), la promiscuité stylistique entre les deux ne tarde pas à se faire sentir malgré des sujets apparemment divergent. Celui de Sécurité rapprochée est des plus simples : en attendant de se voir confier une mission d’importance, l’agent Matt Weston (Ryan Reynolds), se voit placardé à la surveillance d’un abri sécurisé de la CIA situé à Cape Town. Son désir d’excitation va être exaucé plus qu’il ne faut lorsqu’après avoir accueilli Tobin Frost (Denzel Washington), un ancien agent de terrain dévoyé, la résidence se voit attaquée par un commando armé. Suite au massacre des lieux, Weston n’a plus d’autre choix que d’assurer lui-même le transfert de Frost vers une autre cachette sous le feu nourri de l’ennemi cherchant à éliminer son prisonnier. Dans quel but ?  Le spectateur le saura en temps utile mais avouons-le, l’explication ne casse pas des briques contrairement à la mise en scène fracassante de Daniel Espinosa.

 

Ryan Reynolds dans Sécurité rapprochée
© Universal Pictures

 

Si le plumitif David Guggenheim jouit d’une sollicitation grandissante à Hollywood (depuis qu’Universal a acheté les droits de Safe House, ses autres copies se vendent comme des petits pains), difficile de comprendre cet engouement à la vision du script de Sécurité rapprochée. Ce dernier y délaisse ouvertement le raffinement et la subtilité pour aller franco avec son fil conducteur téléguidé empilant à la chaîne fusillade en huit clos, course poursuite en plein centre ville, cavalcade au milieu d’un stade fourmillant de supporters, destruction massive d’un township… et autres joyeusetés bourrines. Faut-il alors voir Sécurité rapprochée comme une simple resucée bourniene (rythme haletant, héros lâché par sa hiérarchie, traître sous couverture…) aussi efficace que sans saveur ? Se serait méchant car le manque de personnalité du texte de Guggenheim est renforcé par l’évidente maîtrise du metteur en scène arrivant à solidifier un tantinet ses personnages et donner ce petit supplément d’âme qui ferait défaut à n’importe qu’elle copie commerciale vide de substance. En cela l’exil de la production en Afrique du Sud fut sans doute un atout majeur pour Espinosa conduisant habilement un casting solidement sans surprise qui pâlit seulement vers la fin à cause d’une conclusion victime d’un maladroit lissage moral et d’un spectaculaire refréné. Pas de quoi pour autant justifier du retrait de son triple A : A pour Action, Action et Action !
 
 

Cultivant plus son côté action que thriller, Sécurité rapprochée paye allégrement son tribu en la matière et permet surtout au prometteur Daniel Espinosa de se faire la main en attendant un prochain projet hollywoodien de meilleure consistance.