Critique : Sous surveillance

 

Un film de Robert Redford. Avec Robert Redford, Shia LaBeouf, Susan Sarandon. Sortie le 8 mai 2013.

 

Robert Redford continue de mêler petite et grande histoire dans un thriller hanté par les spectres de la guerre du Vietnam.

 

Note : 3/5

 

Le 24 novembre 2011 un mini séisme de magnitude 2.5 sur l’échelle du cinéphile frappe notre beau pays. Ce jour là, le grand Robert Redford passe du coté obscur du DTV avec sa nouvelle réalisation : La Conspiration. Et oui, même les meilleurs sont parfois obligé de passer directement par la case vidéo pour se refaire. Une gageure réparée aujourd’hui avec Sous surveillance dont le casting all stars ( Shia Le Beouf , Susan Sarandon, Nick Nolte, Julie Christie, Terrence Howard, Chris Cooper ou encore Robert Redford en personne)  aurait eu du mal à tenir sur l’étagère d’un vidéo club. Adapté du roman de Neil Gordon, Sous surveillance raconte comment un jeune journaliste (Shia LaBeouf) va retrouver la trace d’un activiste (Robert Redford) impliqué dans un meurtre il y a plus de quarante ans. Un sujet en or pour Redford qui renoue ici avec un certain pan du thriller politique. Si le résultat est loin d’atteindre la qualité des premières réalisations de Redford (Milagro, Et au milieu coule une rivière, Quiz Show pour ne citer qu’eux), il n’en demeure pas moins très plaisant. Beaucoup moins sirupeux que le consensuel Lions et Agneaux, Sous surveillance creuse la question de l’engagement et de son devenir dans une société en pleine mutation. Les temps changent mais les combats restent les mêmes, de mêmes que les politiques gouvernementales semblent toujours au service des plus puissants. Militant dans l’âme, Redford assène son message avec la vigueur du briscard aigri qui veut y croire encore.

 

© SND
© SND

 

Et c’est peut être bien le gros reproche que l’on pourrait faire à Sous surveillance qui semble pêcher par excès de bons sentiments.  Résistons oui mais en restant moralement et politiquement correct ! Très (trop ?) obnubilé par sa thématique, Redford mène son intrigue sans toutefois faire preuve du recul nécessaire. Comprendre par là qu’à trop verser dans le didactisme, le film finit par passer partiellement à coté de son sujet. Frondeur mais quelque peu hermétique, Sous surveillance privilégie trop souvent le discours au détriment de l’émotion. Dommage aussi qu’il n’exploite que trop peu sa plâtrée de personnages secondaires. A l’image de Nick Nolte ou encore Susan Sarandon dont le brillant monologue cristallise à lui seul tous les enjeux du métrage. Cependant, en terme d’exécution, le film sonne comme un vibrant écho à quelques fleurons du Nouvel Hollywood, la roublardise en plus. Ayant parfaitement digéré les leçons de ses illustres ainés, Redford accouche d’un bon petit thriller minimaliste plus porté sur le fond que la forme et n’accusant aucun réel temps fort malgré une durée rédhibitoire de 130 minutes. Très bien écrit et esquissant avec pudeur des thèmes forts, Sous surveillance aurait gagné à être un peu plus pêchu surtout quand il tente de créer une tension. Reste le plaisir de voir un Redford réalisateur en plutôt bonne forme,  et livrant un hommage light au cinéma d’Alan J. Pakula .

 

Old school et pépère, Sous surveillance marque toutefois la volonté de la part de Robert Redford de diluer son discours politique de manière plus pertinente.

 

 



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