Critique : Spirale, l’héritage de Saw

Un film de Darren Lynn Bouseman. Avec Chris Rock, Samuel L.Jackson, Max Minghella. Sortie le 21 juillet 2021

Chris Rock délaisse la comédie pour le torture porn. Reconversion réussie ? Pas certain…

 

Tout le monde déteste Chris
Chris Rock en a gros : depuis le temps qu’il squatte le terrain de la comédie US multipliant les vannes avec un débit d’AK-47, le comédien aimerait bien qu’on le prenne au sérieux, après tout il a commencé au cinéma avec un rôle dramatique dans le surestimé New Jack City de Mario Van Peebles. Et quel meilleur moyen que d’investir une franchise aux antipodes du genre dont il a été l’un des chantres depuis plus de trente ans ? Dans Spirale, spin-off de Saw, le comédien incarne un inspecteur de police bien décidé à mettre la main sur un ersatz de Jigsaw prenant pour cible des policiers corrompus. L’occasion pour le détective sans peur et surtout sans reproches de renouer avec son père (Samuel L.Jackson), ancien capitaine de police cachant plus d’un squelette dans son placard. Chris Rock qui sort (enfin) de sa zone de confort,  qui plus est au sein d’une saga dans laquelle on ne le voyait absolument pas arriver, voilà qui promettait d’être intéressant !  Las, le résultat se révèle aussi décevant que ce que les premières images – au demeurant très quelconques – laissaient entrevoir. Un échec que l’on pourrait tout d’abord imputer à Chris Rock lui-même qui officie également en tant que producteur. Visiblement peu à l’aise dans l’exercice du premier degré, l’acteur/producteur peine à investir sérieusement le genre qu’il explore, oscillant constamment entre des punchlines qu’on croiraient tout droit sorties de L’arme Fatale 4 et un surjeu horripilant dès lors que les enjeux se font plus dramatiques. D’où la désagréable impression de se retrouver devant un sketch de Funny or Die qui aurait décidé de parodier la saga Saw. Après tout la proposition de Spirale se révèle aussi incongrue que Tiny Detectives et autres sketchs issus du célèbre site humoristique crée par Will Ferrell. Face à Chris Rock, Samuel L.Jackson n’en mène pas plus large en père omniprésent. Visiblement pas remis de Shaft 2 dans lequel son personnage de détective tenait la dragée haute à son fiston, le comédien semble s’être littéralement trompé de film (ou de plateau de tournage) et nous joue une partition digne d’un buddy movie.

Cheis Rock dans Spiral, l'héritage de Saw
Metropolitan Filmexport

Saw piqué
Ce refus, ou plutôt rejet, du premier degré détonne totalement avec l’atmosphère sourde et pesante instituée par Darren Lynn Bouseman, cinéaste au nom prophétique officiant sur la saga Saw depuis le second opus. C’est là le second gros écueil de Spirale qui, en l’état, ne se distingue aucunement des autres épisodes ayant émaillé la saga depuis le traumatisant Saw 3. Réalisation clippesque, effets de manche grossiers, mises à morts aussi paresseuses que peu inventives… en l’état Spirale n’est qu’un décalque des épisodes 4 à 8 dont il reprend absolument tous les codes sans jamais tenter de les transcender ou de les réinventer. Suivant un chemin très balisé jusque dans sa conclusion qui reprend à la fois le thème musical et le unhappy end typiques de la saga,  Spirale peine à assumer la singularité induite par son intéressante proposition (des comédiens populaires lâchés dans un genre sulfureux – le torture porn – dont ils ne sont absolument pas familiers) et s’expurge ainsi de toute cruauté du fait d »un manque d’empathie certain pour ses protagonistes visiblement peu à l’aise. Que ce soit devant ou derrière la caméra, chacun est bien décidé à rester dans sa zone de confort créant ainsi un réel décalage comme si personne n’œuvrait pour le même film. Un manque de tonalité propre que ce spin-off se traine comme un boulet tout du long.  Autant d’éléments qui font de Spirale, un coup d’épée dans l’eau, une tentative aussi vaine qu’opportuniste de donner un second souffle à une saga qui aurait dû se terminer depuis bien longtemps.

Note:2 out of 5 stars (2 / 5)
Réalisation:2 out of 5 stars (2 / 5)
Scénario:2 out of 5 stars (2 / 5)
Montage:2 out of 5 stars (2 / 5)

Aussi hasardeux que vain, Spirael suit un chemin extrêmement balisé qui ne le distingue en rien des poussives suites du film matriciel. Le « Saw Cinematic Universe » n’a visiblement rien de neuf à proposer, mieux vaut donc passer son chemin !