Critique : Target

 
Un film de McG. Avec Reese Witherspoon, Chris Pine, Tom Hardy. Sortie le 21 mars 2012.

 

L’art de la séduction ça peut avoir du bon lorsqu’on est espion. Sauf quand votre collègue espère vous ravir votre trophée.

 

Note : 2,5/5

 

Bien que bardé de moments de cinéma et sa démarche courageuse consistant à se démarquer de la franchise originale, Terminator Renaisance n’aura pas convaincu les foules. Trop attaché à la mécanique rébarbative des précédents opus (et gêné par l’absence organique d’Arnold Schwarzenegger), le public n’aura donc pas donné sa chance à la vision de McG, sectionnée directement à la racine. Dommage pour son univers post-nuke qui ne demandait qu’à prendre de l’ampleur, et surtout, pour son réalisateur que l’échec commercial du film oblige dorénavant à reconquérir la confiance des studios. Pour son retour à la case départ, le revoilà attaché à la confection d’une comédie d’action abondamment saupoudrée de rom-com. La recette d’un bon divertissement, fun et décomplexée de la pyrotechnie? C’est compliqué. Ne cachons pas que l’idée de départ de Target était bougrement alléchante : deux espions amis pour la vie qui vont malencontreusement s’enticher de la même damoizelle et employer chacun tous les moyens technologiques et humains pour faire échouer l’opération de séduction de l’autre. Tout cela au frais du gouvernement.

 

Chris pine, Reese Witherspoon et Tom Hardy dans Target de McG
© 20th Century Fox

 

Filatures, mises sur écoute, sabotages et petits dérapages entre frères ennemis sont au programme des hostilités plutôt sages et ciblées. Le point d’orgue étant probablement la séquence du paint-ball où une simple partie d’adolescents se transforme en un vrai champ de bataille. Ou encore le passage au chenil pour attendrir madame ou cette exposition privée de chef-d’œuvre de la peinture pour l’épater…  une rafale de scènes détendues et rafraîchissantes constituant le noyau dur de Target qui sur un postulat sensiblement proche de Mr & Mrs Smith, surpasse aisément son modèle, quoique pas franchement exemplaire dans le genre. Le souci est que dans comédie d’action il y a action (bah oui !). Compte tenu du titre anglais (This Means War) et du passif de McG (Terminator 4 donc mais aussi le sympathique Charlie et ses drôles de dames), on pouvait espérer être gâté en la matière. Il faudra se contenter d’une ouverture coupée à la serpe et montée avec les pieds – nous rappelant le n’importnawak Charlie’s Angels 2 – un maigre mano à mano entre les deux compères Tom Hardy et Chris Pine, et une misérable course-poursuite conduite par une intrigue annexe greffant artificiellement l’implication d’un méchant de pacotille. Bref sur cet aspect Target se montre inconsistant comme un repas duquel on aurait retiré l’entrée et le désert pour juste se contenter du plat principal. Certes truculent et armé d’un casting glamour (pour qui peut supporter Reese Whiterspoon même en mode sobre) mais très en dessous de ses belles notes d’intention.

 

 

Avec Target, McG vise plusieurs cibles en même temps mais ne fait mouche qu’un coup sur deux.