Un film de Marc Webb. Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx. Sortie le 30 avril 2014.
L’homme araignée revient avec la toile chargée d’ennemis et de questionnements. Une thérapie et au lit ?
Note : 2,5/5
Lorsque The Amazing Spider-Man est sorti en salles il y a un peu moins de deux ans, on avoue ne pas avoir été trop convaincu par ce reboot arrivé bien trop tôt après la trilogie matricielle de Sam Raimi(cf. notre critique). Il aura fallu attendre un revisionnage quasi obligatoire pour faire son mea culpa : bien que toujours pas conquis, The Amazing Spider-Man est toutefois apparu moins raté qu’au premier abord, certains défauts pointés se transformant comme par magie en indéniables qualités… du moins sur le fond, la forme paraissant toujours aussi foutraque. Ainsi pour apprécier le film de Marc Webb à sa juste valeur autant oublier illico la saga de Sam Raimi, cet homme araignée là étant à voir davantage comme une relecture prenant comme point d’ancrage les affres de l’adolescence que comme un remake opportuniste (ce qu’il demeure malgré tout sur un plan purement marketing). Cela établit, ce n’est que sous les meilleurs auspices que l’on peut aborder ce The Amazing Spider-Man 2. Oui mais… Car même avec la meilleure volonté du monde, force est de reconnaître que cette suite croule sous les maladresses et ce en dépit de toutes les chances qu’on a bien voulu lui donner à l’aune d’un jugement trop hâtif ou, au choix, d’un enthousiasme tout aussi précoce. En fait, le gros défaut du film réside dans sa singulière schizophrénie à cheval entre teenage movie plutôt réussi et blockbuster aux yeux plus gros que le ventre… ou comment la patte de Marc Webb s’entrechoque avec les griffes de Marvel pour créer une œuvre bicéphale, sorte d’hydre à deux têtes constamment tiraillée entre le cœur à l’ouvrage et la raison du dieu dollar ! Une dichotomie qui se trouve ses racines dans la narration profondément disparate du film. Ce qui est d’autant plus dommage que si Marc Webb pédale dans la toile d’araignée avec son super héros, il parvient de l’autre coté à dessiner des personnages (Peter Parker, Gwen Stacy, tante May…) d’une incroyable justesse. Clairement plus intéressé par Peter Parker que par son avatar arachnéen, Marc Webb tente de raconter par le prisme du film de super héros l’histoire d’un jeune homme poursuivi par la mort, hanté par les fantômes du passé et tentant de se (re)construire grâce à la femme qu’il aime. Sur ce plan rien à redire : The Amazing Spider-Man 2 creuse davantage le sillon de son prédécesseur en allant plus loin dans l’exploration des tourments de l’adolescence en passe de se confronter à l’âge adulte. En cela on peut dire qu’il s’agit d’une belle chronique initiatique traversée par de jolis moments de grâce et entièrement porté par un Andrew Garfield caractérisant plus que jamais Peter Parker là où Tobey Maguire se « contentait » de l’incarner de façon plus qu’honorable. Le film aurait pu s’intituler The Amazing Peter Parker que franchement on aurait pas bronché !

Cependant, aussi charmant soit-il, cet arc handicape sérieusement celui consacré à Spider-Man qui voit tous ses enjeux à peine survolés. Comme pris du syndrome Spiderman 3, le film fait beaucoup de surplace, verse parfois trop dans la bluette avant de se ressaisir lors d’une dernière partie convoquant à la va vite les bad guy. Dommage car chacun d’entre eux bénéficiait d’un background suffisamment intéressant sur le papier pour faire la différence. Sorte de croisement entre Edward Nygma (pour le coté nerd groupie) et Dr Manhattan, l’Electro interprété par Jamie Foxx avait tout pour devenir l’une des plus grandes figures tragiques de l’univers Marvel. Accompagné par un thème musical des plus adéquats, il électrise littéralement l’écran à chacune de ses rares apparitions mais est rapidement relégué au rang de faire valoir au même titre qu’un Bouffon Vert débarquant comme un cheveu sur la soupe. Pourvus d’un gros potentiel, ils font malheureusement les frais d’une narration en dents de scie soufflant constamment le chaud et le froid sans jamais trouver la bonne température. Raconté comme cela The Amazing Spider-Man 2 ne donne clairement pas envie. Toutefois, à la différence de son ainé, cette suite fait preuve d’une plus grande ambition tant par les thèmes qu’elle traite que par sa mise en scène plus libérée, aérienne. Car au fond, la plus grande faiblesse du film réside dans sa campagne marketing qui, à force de (très) longues bandes annonces et autres photos ultra spoiler, s’est faite un malin plaisir de dévoiler absolument tous les enjeux dramatiques du film. Ceux qui n’auront pas loupé une miette de l’impressionnante campagne de communication mise en place par Sony ces derniers mois ne verront donc ici qu’une version étendue de celle-ci tandis que ceux qui auront eu la sagesse de ne pas répondre à ces incessants appels du pied se laisseront peut-être surprendre. Au final, le film souffre d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre et de s’éparpiller sans dresser de ligne directrice.
Mieux dosé, The Amazing Spider-Man 2 aurait pu se révéler un formidable alliage d’humour, de spleen et de comic book power.