Critique : The Best Offer

 

Un film de Giuseppe Tornatore. Avec Geoffrey Rush, Jim Sturgess, Sylvia Hoeks. Sortie le 16 avril 2014.

 

Le réalisateur du magnifique Cinéma Paradiso nous livre un curieux mélange entre love story et thriller aux accents hitchcockiens.

 

Note : 3,5/5

 

Giuseppe Tornatore restera à tout jamais le réalisateur de Cinéma Paradiso, magnifique film sur l’amitié, l’amour et l’amour du cinéma, servi par la musique inoubliable d’Ennio Morricone. Philippe Noiret y tenait un de ses rôles les plus attachants. Tornatore a réalisé d’autres comédies dramatiques et s’est même essayé au thriller avec Une pure formalité où Gérard Depardieu et Roman Polanski s’affrontaient. Avec The Best Offer, il nous plonge dans une « love story » aux allures de thriller teinté d’étrange. Il nous fait entrer dans la vie de Virgil Oldman (Geoffrey Rush), un commissaire-priseur de renom, cynique, misogyne mais seul. Comme dans les films d’Hitchcock, ce personnage ordinaire se retrouve dans une situation extraordinaire. Claire, une jeune femme, le contacte pour qu’il vienne dans la maison familiale estimer la valeur des meubles qui appartenaient à ses parents décédés. D’abord agacé par son absence à chacune de ses visites, Virgil finit par comprendre qu’elle est dans la maison, qu’elle se cache dans une chambre secrète à l’abri du monde extérieur à cause d’une étrange maladie… De plus en plus intrigué, notre héros va se laisser séduire par cette femme des plus mystérieuses…

 

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The Best Offer a de nombreuses qualités et s’avère complexe par ses nombreuses pistes de lecture. Nous suivons la métamorphose du commissaire-priseur. Appréciant plus l’art que les gens, il s’humanise et s’ouvre au monde au fur et à mesure que sa relation évolue avec Claire. Passionné par les portraits, Virgil collectionne dans une chambre forte ceux qu’il a pu récupérer des ventes aux enchères. Les images de cette pièce aux murs pleins de visages qui tiennent compagnie à notre héros resteront longtemps dans nos mémoires. C’est aussi une réflexion et un questionnement sur les rapports de l’art avec la vie et la contrefaçon. Une certaine étrangeté se dégage du film et lui donne des allures de cinéma fantastique. Le mystère apporté par cette femme longtemps invisible y est pour quelque chose, bien que ce mystère diminue au moment où elle apparaît à l’image. Les déambulations dans la maison participent également à cette étrangeté. Virgil trouve au cours de ses visites des engrenages qui appartiendraient à un automate dont l’inventeur français Vaucanson serait le fabricant… Cela a-t-il un rapport avec l’intrigue ? Sommes-nous dans une histoire proche de « L’Homme au sable » d’E.T.A Hoffmann (référence à Olimpia, l’automate du conte) ? Les engrenages ne seraient-ils pas plutôt la métaphore d’autre chose ? Le scénario ne semble rien laisser au hasard, dommage que la fin, par son manque d’explication, nous laisse perplexes. Paradoxalement, cela donne envie de le revoir pour chercher les indices. La musique d’Ennio Morricone est un peu trop présente. Geoffrey Rush sur-joue l’homme imbuvable, mais apporte plus de nuances dans son jeu quand son personnage commence à s’adoucir. En revanche, rien à dire sur la mise en scène, fort élégante…

 

Intelligente et élégante, la nouvelle réalisation de Tornatore ne vous laissera pas indifférent. The Best Offer est une œuvre à voir et peut-être à revoir pour en comprendre tous les rouages et toutes les subtilités.