Critique : The Greatest Showman

 
Un film de Michael Gracey. Avec Hugh Jackman, Michelle Williams, Zac Efron. Sortie le 24 janvier 2018.

 

Hugh Jackman troque les griffes contre le chapeau haut-de-forme et nous offre un spectacle de toute beauté !
 

Note : 3,5/5

On le sait depuis son incroyable performance aux Oscars 2009 : Hugh Jackman n’est pas seulement un excellent acteur c’est aussi un showman d’exception, aussi à l’aise – voire plus- en chaussures de claquettes qu’affublé des griffes de Wolverine. Un talent qu’il met largement à contribution dans le fort bien nommé The Greatest Showman où il incarne Phineas Barnum, entertainer de génie qui a bousculé les conventions dans l’Amérique du XIXème siècle avec ses spectacles bigger than life faisant la part belle aux freaks et autres curiosités. Un rôle en or pour Jackman qui s’amuse comme un petit fou. À l’aise comme un poisson dans l’eau, le comédien multiplie les cabrioles et autres numéros de chant dans un spectacle absolu à la hauteur de son savoir-faire scénique. Car ne nous y trompons pas : il EST la véritable attraction de ce Greatest Showman qui lui doit beaucoup si ce n’est tout. Monstre de charisme à faire pâlir de jalousie les plus grands danseurs de la planète, l’acteur nous entraîne sans mal dans cette cavalcade sur vitaminée et iconoclaste faisant ostensiblement de l’œil au cinéma de Baz Luhrmann dans sa propension à mêler allègrement tradition et modernité dans un maelstrom de sons et de couleurs. Sur ce plan, le film de Michael Gracey ne déçoit pas et nous offre des chorégraphies époustouflantes et vertigineuses comme on en avait pas vu depuis longtemps.
 

20th Century Fox

 

Mais c’est aussi là que se situent les limites du film car si les danses endiablées nous éblouissent, le répertoire musical, lui, peine à nous transporter émotionnellement malgré un cast très impliqué (mention spéciale à l’impressionnante Keala Settle qui bouffe littéralement l’écran). Si les chansons sont bien écrites, il leur manque une réelle portée dramatique prompte à nous faire chavirer au rythme des pas de danse chaloupée de l’équipe. La faute principalement à une narration prétexte faisant quelque peu abstraction des enjeux dramatique noués autour personnages réduits ici au statut de figures imposées.  A trop les glamouriser, Gracey passe à côté de ce qui les rend véritablement beaux : leurs fêlures et comment les feux des projecteurs les en guérissent le temps d’un spectacle. Les corps bougent très bien mais à l’exception de Hugh Jackman, ils ne sont pas incarnés. Et c’est bien dommage tant on sent qu’il suffirait de peu à ce Greatest Showman pour se hisser au rang des plus grandes comédies musicales, un supplément d’âme peut être, palpable au travers de ses très bonnes intentions. Dommage mais pas préjudiciable : le film a beau louper partiellement le coche de l’émotion, il remplit toutes les autres fonctions de la comédie musicale avec panache grâce non seulement à l’abattage de son rôle-titre mais aussi via une mise en scène inspirée où la gestion des corps dans l’espace se fait avec une fluidité hallucinante. Le résultat se révèle certes imparfait mais diablement entraînant.

 

Emballant à défaut de transporter, The Greatest Showman verse parfois trop dans la démonstration, mais quelle démonstration !