Critique : The Predator

 
Un film de Shane Black. Avec Hoyd Holbrook, Olivia Munn, Jacob Tremblay. Sortie le 17 octobre 2018.

 

Le réalisateur de The Nice Guys se penche sur le cas du Predator et signe l’un des pires films de la saga.

 

Note : 1,5/5

 

A force d’attribuer de mauvaises notes aux films qui passent devant nos yeux, vous devez certainement vous dire que la team Cinevibe est née sous le signe de l’Orangina rouge, que ses membres ont « perdu leur Peter Pan » (pour citer nos amis de Fan Footage.fr) et qu’ils devraient peut-être arrêter de voir des films si c’est pour les descendre constamment ! Certes nous ne faisons pas toujours dans la dentelle mais il faut bien reconnaitre qu’en ce moment certains films tendent VRAIMENT le bâton pour se faire battre. C’est malheureusement le cas de The Predator, 4ème opus consacré au plus badass des chasseurs extraterrestres. Et pourtant sur le papier The Predator était diablement engageant, imaginez un peu : en engageant Shane Black, scénariste des cultissimes L’arme fatale et Last Action Hero (pour ne citer qu’eux) comme réalisateur, la Fox semblait vouloir revenir aux sources du mythe bien loin des aberrations que furent Predators de Nimrod Antal et les nullissimes Alien vs Predator 1&2. Une intention d’autant plus claire que Black connait bien la bestiole pour en avoir été une de ses victimes dans le 1er film signé John McTiernan. A priori rien ne pouvait aller de travers et la perspective de voir des bidasses occire du Predator en balançant des punchlines bien salées (la spécialité de Black) avait de quoi faire battre notre palpitant à plus de 120 battements par minute. On est comme ça sur Cinevibe, des grands sensibles qui s’ignorent. Et alors que l’annonce de reshoots de dernière minute (dont le final tourné deux fois) annonçait déjà la couleur, on voulait encore y croire parce que merde Shane Black quand même et puis bon le résultat ne pouvait décemment pas être pire qu’Alien vs Predator. Quelques semaines plus tard le couperet tombe et c’est le cœur lourd que l’on peut affirmer ici que déception est à la hauteur des attentes suscitées, une catastrophe industrielle monstre (c’est le cas de le dire) dont l’échec est la somme d’un nombre conséquents de facteurs aggravants. En l’état difficile de savoir si le désastre est à mettre au crédit du scénario écrit à quatre mains par Shane Black et son ami de toujours Fred Dekker (à qui l’on doit le sympathique Monster Squad mais également le nanardesque Robocop 3) ou s’il n’est qu’un facteur aggravant parmi tant d’autres. Non contente de se complaire dans une bêtise crasse et une morale douteuse, l’intrigue du film enquille les idées toutes plus foireuses les unes que les autres allant [ATTENTION SPOILERS] du chien Predator utilisant ses dreds pour « communiquer » (sic) au uber Predator sorte de mélange de toutes les races que les Predators ont pu chasser [FIN SPOILERS] avec un 1er degré terrifiant.  

20th Century Fox
20th Century Fox

Ne sachant jamais sur quel pied danser, The Predator fait feu de tout bois, et oublie que la force du film matriciel résidait essentiellement sur sa relative simplicité (des mercenaires pris pour cibles dans la jungle, unité de lieu, de temps et d’action, difficile de faire plus simple et efficace) là où cet opus multiplie les concepts au détriment de toute lisibilité et de toute cohérence.Si l’intention de déconstruire le mythe pour en faire quelque chose de nouveau pouvait apparaitre salutaire au regard de la manière dont il a été malmené depuis un certain Alien vs Predator, elle est ici totalement annihilée par un manque d’ambition flagrant, symptomatique de cette nouvelle tendance hollywoodienne qui consiste à tout détruire pour finalement proposer du vent. A la manière d’un Terminator Genysis, The Predator vulgarise (au sens premier du terme) le mythe d’origine,  le nivelle vers le bas pour mieux le bruler vif et pisser sur ses cendres encore fumantes. Si bien qu’on en vient à se demander ce que Shane Black qui a toujours su apporter au genre un regard intelligent et pertinent, est venu faire dans cette galère tant ce projet lui ressemble peu. Difficile de reconnaitre en l’état la patte du scénariste des Arme Fatale que ce soit au niveau des dialogues brillant par leur banalité, des protagonistes (des ex militaires décalqués du bulbe) à la caractérisation totalement survolée, ou de la mise en scène très fonctionnelle totalement éloignée de l’énergie d’un Kiss Kiss Bang Bang. Soit sur le papier une sorte d’inventaire made in Shane Black à base de personnages borderline et de violence sèche dont il ne reste à l’écran pas grand-chose ou si peu, une sorte de gloubiboulga sans saveur ni personnalité. Soit une entreprise de destruction massive d’un cynisme flagrant entérinée par un final corporatiste absolument gerbant au lendemain du rachat de la Fox par Disney ! On se consolera avec quelques timides punchlines bien balancées et un Boyd Holbrook (Narcos) très charismatique dont le bagout laisse entrevoir le fort potentiel en badasserie de l’entreprise. En résumé : il y avait des gueules, du sang et de la sulfateuse, manquait plus qu’une force motrice suffisamment puissante pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts et remettre le projet sur les rails avant la sortie de piste. Et si The Predator était en fait une savante opération de sabotage qui aurait échappé à tout le monde ? Les paris sont ouverts.

 

Désastre complet, The Predator se révèle tellement catastrophique qu’il ferait presque passer Alien vs Predator pour un bon film !