Critique : The Raid

 
Un film de Gareth Evans. Avec Iko Uwais, Yayan Ruhian, Joe Taslim. Sortie depuis le 20 juin 2012.

 

Quand un gallois filme des indonésiens en train de se foutre sur la tronche, ça donne The Raid, coup de boule cinématographique détruisant tout sur son passage. Ca va cogner !

 

Note : 4/5

 

Il faut bien l’admettre : de nos jours, l’action est un terme bien galvaudé au cinéma. Aussi quand une production venue de nulle part ambitionne de redonner au genre ses lettres de noblesse on ne peut s’empêcher d’accueillir la  nouvelle avec une certaine méfiance. Contre toutes attentes : The Raid se révèle bel et bien la claque tant vendue. Et ce, pour la simple et bonne raison que le film de Gareth Evans livre exactement ce qu’il a promis : du bourre pif à tous les étages (c’est le cas de le dire). Mix réjouissant entre Assaut et Ong Bak, The Raid tire formidablement parti de ses contraintes (unité de lieu, de temps et d’action) pour nous offrir un véritable condensé d’action.  Il y a d’ailleurs quelque chose de très carpenterien dans l’approche d’Evans qui ne cesse de citer son maitre que ce soit par la musique ou l’ambiance très apocalyptique qui se dégage de l’ensemble Habité par une rage faisant grandement défaut au genre depuis bien longtemps, le film suit un cheminement très linéaire mais renvoyant à l’univers du jeu vidéo. Une façon comme une autre d’aborder l’action sous un angle beaucoup plus ludique. Ici, chaque étage de l’immeuble assiégée contient son lot de  méchants et autres « boss de fin » tous plus hargneux les uns que les autres.  A ce titre, saluons la prestation de Yayan Ruhian dans la peau de Mad Dog, bad guy ultime au nom fort bien choisi.  Brutal, violent et sans concessions il représente un peu la quintessence du métrage qui fait dans l’efficacité brute sans jamais réellement se soucier de la méthode.

 

The Raid de Gareth Evans
© SND

 

Car oui, ça canarde autant que ça bastonne, les deux clans en présence aimant bien s’éclater la tronche entre deux coups de pied retournés. La technique utilisée ici, le silat convoque aussi bien le corps que les armes. Ce qui nous donne droit à des scènes incroyables de brutalité où chaque coup porté fait aussi mal que possible. Loin d’être une simple bande démo, The Raid utilise judicieusement le silat comme outil de narration. Porte étendard de cet art martial indonésien Iko Uwais n’a pas le charisme d’un Tony Jaa mais se montre diablement efficace quand il s’agit de distribuer des pains. Une efficacité qu’on retrouve aussi dans la mise en scène du gallois Gareth Evans qui pour son deuxième film fait preuve d’une maitrise du cadre assez bluffante surtout quand il s’agit de filmer des combats faussement anarchique.. La grande force de The Raid étant de parvenir à créer une réelle cohésion dans un chaos organisé au millimètre près. A l’image d’un certain cinéma des années 80, The Raid ne capitalise pas sur le surdécoupage et laisse le temps à chaque coup de porter son impact sur les corps. Les combats fort bien filmés sont captés dans toute leur brutalité. Evans ne nous épargne absolument rien et tiens à nous enfermer avec sa troupe de bidasses dans cette tour de la mort où le danger peut se cacher derrière chaque porte. Le grand barnum de la baffe est en Indonésie et on ne saurait trop remercier Evans et sa troupe pour nous avoir redonner foi au genre. Non, l’action pure et dure qui embarque le spectateur pieds et poings liés dans son sillage destructeur et absolu n’est pas morte, elle ressucite de la plus belle des manières.

 

 

Véritable bombe à défragmentation, The Raid fait mal et il le fait bien. Un plaisir coupable dont il serait dommage de se priver.