Critique : Transformers 3

 

Un film de Michael Bay. Avec Shia LaBeouf, Rosie Huntington-Whiteley, Patrick Dempsey. Sortie le 29 juin 2011

Le Michael Bay nouveau est arrivé. Bonne nouvelle ? Euh…


Note : 2/5

Après la « débâcle » Transformers 2, Michael Bay avait juré ses grands dieux que le troisième opus remettrait les pendules à l’heure via une histoire et des personnages plus développés. Mouais, connaissant le bonhomme on demandait à voir ! Alors que la toute première bande annonce laissait entrevoir des plans de plus de quinze secondes et une lourde ambiance de fin du monde, un simili espoir semblait renaitre. L’ami Michael se serait-il calmé ? On ose y croire et pourtant Transformers 3 et ses promesses de grand kaboom robotique pourraient bien justifier à eux seuls l’adage jamais 2 sans 3. Hell yeah ! Vient enfin l’heure fatidique d’enfiler ses lunettes 3D pour ce qu’on espère être un immense défouloir, une espèce de foire de la tôle froissée avec gros numéros de défouraillage à la clé. Cent soixante minutes plus tard, que reste t-il de cet immense barnum ? Une belle sortie de piste made in Michael Bay. Et c’est pourtant pas faute d’y avoir cru ! Passé une introduction historico-rigolote nous expliquant les tenants et aboutissants de la conquête spatiale, Michael Bay joue cartes sur tables en ouvrant d’emblée son récit sur… les fesses de a très belle Rosie Huntington-Whiteley, aka la « remplaçante » de Megan Fox. Faux départ ? Pas vraiment tant la suite continuera de sonner comme une ode au beauf de base matant des courses de Dragster une bière à la main le dimanche entre deux rediffusions de Walker, Texas Ranger !

 

© Paramount Pictures France

 

Rien de bien préjudiciable en soi, la saga Transformers n’étant pas particulièrement connue pour sa finesse (en même temps c’est pas ce qu’on lui demande !). Nous ce qu’on veut,  c’est du bon gros démastiquage de robots aimant bien se foutre sur la tronche à grands renforts de lasers et autres épées géantes. Seulement voilà :  à force d’entendre dire que les Transformers ce serait quand même mieux avec un scénario, le cinéaste mégalo s’est senti obligé de jouer les prolongations en nous gratifiant d’une durée indécemment plus conséquente que sur les deux opus précédents. Ce qui aurait pu être dantesque pour peu que la durée s’inscrive dans un récit un minimum construit. A vouloir trop en faire, Transformers 3 finit par tourner à vide , englué dans une espèce de gloubi boulga comico pyrotechnique où l’hystérie générale ne semble exister que pour palier l’indigence du scénario d’Ehren Kruger (Scream 3 ) ici débarrassé du tandem Roberto Orci/Robert Kurtzman. Une absence qui se fait douloureusement ressentir via une narration pantouflarde péniblement voilée par quelques intrigues parallèles foireuses et une allégorie totalement crétine sur l’Occupation.  Il en résulte deux très longues heures quarante que le cinéaste rempli comme il peut avec moult blagues en dessous de la ceinture et autres panoramiques sur la plastique de son actrice principale. Filmée sous tous les angles à la manière d’une actrice porno, cette dernière excelle en nouvel objet de fantasme ultime tandis que Shia LaBeouf – qui imite très bien Louis de Funès ! – se débat comme un beau diable à force de grimaces répétées. Le reste du cast semble tout aussi peu concerné à l’image d’un John Malkovich venu cachetonner via une prestation aussi éclaire qu’inutile. Et pendant ce temps, les Autobots parlent ou déboitent de l’arabe et du soviet en se promenant. De fait, on fait un peu la gueule devant cette invasion robotique qui met un temps fou avant de prendre sa pleine mesure.

 

© Paramount Pictures France

 

Toutefois, si Michael Bay se révèle un piètre narrateur force est de reconnaître qu’il demeure le maitre incontesté du kaboom qui frappe vite et fort ! Toujours plus ambitieux dans la mise en scène de cette dernière, il nous offre des scènes d’actions étonnamment lisibles (merci la 3D et ses contraintes scéniques) et d’une belle ampleur. Enfin débarrassé de sa casquette de « Max Pécas américain », Bay se lâche enfin et enquille les morceaux de bravoure comme s’il en pleuvait. Parmi ceux là, une incroyable séquence dans un building en chute libre, barouf incroyablement bien agencé et servi de façon admirable par une 3D au poil. Il était temps ! Dès lors, peu importe si l’action paraît quelque peu rébarbative ou que les combats de robots semblent plus que jamais interchangeables d’un film à l’autre, on a enfin droit à notre quota d’explosions en tous genres. On aurait juste aimé qu’elles ne mettent pas autant de temps à arriver. Car l’indécente durée du film est bien plus préjudiciable que la beauferie ambiante qui s’en dégage. Reprocher à Transformers d’être alimentée par cette dernière c’est un peu comme reprocher à Steven Seagal d’enchainer les DTV en Roumanie. Il est des natures profondes contre lesquelles on ne peut rien, et il faut bien admettre qu’ en termes d’immuabilité, Michael Bay se pose là ! Si la dernière heure est un immense et généreux défouloir, que le chemin aura été long et tortueux pour en arriver jusque là ! Délesté d’une bonne heure, Transformers 3 aurait pu être un très grand film d’action, carré et efficace, de ces blockbusters qui vous laissent exsangue mais heureux à la sortie. Las, il faudra ici se contenter de cent minutes de pantalonnade avant que les soixante dernières vous laissent totalement K.O. Dommage car un rapport inversement proportionnel  en aurait fait LE blockbuster de l’été !

 

Du bon gros démastiquage de robots certes généreux mais phagocyté par la mégalomanie toujours plus grande de Michael Bay. Transformers 3 ou une certaine idée du nettoyage par le vide
 
 

Transformers 3 – bande annonce (VOST) par Paramount_Pictures_France