Critique : Transformers 5 – The Last Knight

Un film de Michael Bay. Avec Mark Wahlberg, Anthony Hopkins, Laura Haddock. En salles depuis le 28 juin 2017.

Les Autobots reviennent foutre le bordel sur Terre mais la mécanique semble sévèrement grippée.

Note : 2/5

En salles depuis mercredi, Transformers : The Last Knight, devrait à coup sûr profiter du début des vacances d’été pour faire le plein de spectateurs. Pas certain cependant qu’il satisfasse totalement les fans du Bayhem tant le film apparait aux antipodes de ce que le réalisateur de Bad Boys nous avait offert en termes de de gros divertissement buriné. Et pourtant, il faut bien reconnaitre que ça commençait pourtant bien, le prologue nous ramenant en pleine période arthurienne (où l’on découvrira que les Transformers étaient des chevaliers de la Table Ronde !) laissant augurer un divertissement aussi fun que con, plein de bruit et de fureur avec supplément de tôles robotiques froissées. L’ambition est là, la tonalité semble, elle, quelque peu différente avec son lot de clins d’œil à un certain cinéma de notre enfance puisant aussi bien dans les productions Amblin avec sa bande de gamins tout droit sortis d’un épisode de Stranger Things , à Star Wars avec ses robots ressemblant étrangement à C3PO et R2-D2, en passant par Robocop et ses machines policières faisant la loi dans les rues. La démarche peut paraitre lourdingue, opportuniste, elle a au moins le mérite de détonner au sein d’un univers qui s’est beaucoup répété. Ainsi, dans son premier quart, Transformers 5 intrigue : on ne sait pas trop quelle direction le film va prendre mais les œillades répétées à la mythologie arthurienne laissent augurer qu’il va embrasser totalement sa dimension mythologique pour mieux la renouveler. Sauf qu’aussi louable soit cette intention, elle se révèle ici totalement superficielle et vaine tant Michael Bay semble n’en avoir plus rien à faire. Continuant sur une lancée amorcée avec le pourtant très bon Transformers 4, le cinéaste met la pédale douce sur ses tics les plus agaçants, sauf que contrairement à son avant-dernière incursion robotique où le cinéaste « prenait le temps » de dessiner des personnages pour lesquels on ressentirait une certaine empathie pour mieux les plonger dans un chaos aussi ordonné que réjouissant, ambitieux et lisible, cet opus-là prend le parti de ne jamais exploiter son potentiel épique ou de réellement creuser le mythe dans lequel il s’inscrit. Comprendre par-là que Bay ne donne aucun souffle à son film et semble ne pas savoir quoi faire de ses personnages pourtant intéressants sur le papier ou de son intrigue bête à faire saigner le cerveau atrophié d’une fanzouze ! A trop se prendre « faussement au sérieux », le film en oublie d’être fun, de s’assumer comme le divertissement bas de plafond qu’il voudrait être. Et ce ne sont pas les scènes d’action platement mises en scène et les traits d’humour, certes moins beaufs qu’à l’accoutumée, mais au timing totalement à la ramasse et portées par un Anthony Hopkins en totale roue libre, qui attesteront du contraire, au mieux elles feront illusion un court moment avant de lasser par leur caractère répétitif.

Paramount Pictures.

 

Il manque à ce Transformers cette folie, ce sens de la démesure qui fait tout le sel du cinéma de Michael Bay que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Que l’on aime ou que l’on abhorre les films de Michael Bay, ces derniers ont au moins le mérite de porter la patte de leur auteur et d’être le reflet d’une personnalité tour à tour réjouissante ou agaçante mais au moins singulière . Ici, le cinéaste radote, s’autocite au point de faire de l’un de ses personnages un émule de Megan Fox avec un accent british (« T’as un doctorat en Histoire, tu méprises les yankees mais tu craques dès que Marky Mark te montre ses biceps non mais allo quoi ! ») et annihile régulièrement la portée épique de ses morceaux de bravoure par une forme de paresse qui ne lui ne ressemble pas.  Transformers 5 se déroule pépère, coche bien scrupuleusement les cases du divertissement estival mais sans audace ni passion, Michael Bay signifiant clairement que la saga ne présente plus aucun intérêt pour lui, TF4 ayant bouclé la boucle de manière on ne peut plus efficace et digne. Et le spectateur de suivre le film sans réel ennui mais constamment à l’affut du plan, de la séquence folle qui le sortira de sa léthargie et lui confirmera qu’il est bien dans un film de Michael Bay. A l’image de son hideuse affiche, TF5 apparait comme une sorte de copié-collé aux détours mal assortis, un patchwork réalisé à la va-vite par un stagiaire appliqué mais jamais passionné. Reste quelques envolées pyrotechniques efficaces et de très bonnes idées (le dragon bot, Mark Wahlberg et son épée) malheureusement mal exploitées mais qui évitent au film de se vautrer totalement dans les méandres de l’accident industriel et d’être le Independance Day 2 de l’été 2017. On aurait voulu adorer TF5 justement pour toutes ses belles promesses, il faudra malheureusement se contenter d’un pétard mouillé, preuve supplémentaire qu’Optimus Prime et ses potes commencent sérieusement à rouiller.

 

À défaut d’être le pire film de Michael Bay, Transformers 5 est son plus faible, celui durant lequel il sera passé du stade d’auteur à celui de mercenaire. Dommage.