Une série créée par Nic Pizzolatto et réalisée par Cary Fukunaga. Avec Woody Harrelson, Michelle Monaghan et Matthew McConaughey. Disponible en DVD et Blu-ray depuis le 11 Juin 2014.
Pas de mauvaise surprise, on sait désormais qu’une série HBO est de grande qualité. Si ce n’est qu’avec l’arrivée de True Detective sur la chaîne américaine, on ne s’attendait pas à se prendre une telle mandale en pleine figure. Débriefing.
Note : 5/5
HBO, chaîne câblée de télévision américaine à qui l’on doit (entre autres) les excellentes séries Game Of Thrones, Oz, Les Soprano, Boardwalk Empire ou encore Entourage lance en Janvier 2014 une nouvelle série policière : True Detective. Créée, écrite et produite par Nic Pizzolatto (qui a déjà œuvré en tant que scénariste sur deux épisodes de la série The Killing) et réalisée par Cary Fukunaga (à qui l’on doit les longs-métrages Sin Nombre et Jane Eyre), la série se paye le luxe d’avoir deux stars complètement bankables à son casting, Matthew McConaughey et Woody Harrelson. Si la carrière de l’un a été récemment touchée par la grâce avec des films comme Killer Joe, La Défense Lincoln, Magic Mike ou encore Mud, Sur Les Rives Du Mississippi, celle de l’autre stagnait plutôt du côté des blockbusters dernièrement (Hunger Games, Bienvenue À Zombieland, 2012 et Insaisissables). Réunis ici en tant qu’interprètes principaux et producteurs exécutifs, Harrelson et McConaughey portent sur leurs épaules le poids d’un scénario implacable (et impeccable) et d’une mise en scène parfois glaciale, parfois brutale (quelques scènes crues) mais sacrément efficace. Le scénario en béton demande énormément d’attention car on peut rapidement se sentir largué. Surtout que le premier épisode (qui a pour référence le pilote de Twin Peaks) prend son temps pour installer l’histoire. Si la série tend vers le polar classique (les admirateurs de James Ellroy ou de Dennis Lehane s’y retrouveront), l’originalité est aussi au rendez-vous avec cette courte saison, se rapprochant davantage d’un film de huit heures que d’une série télévisée. C’est dire le niveau de qualité ! L’autre et principale originalité de True Detective réside dans sa temporalité qui joue un rôle très important. L’histoire se situe à trois époques : 1995, 2002 et 2012. En 2012, nous assistons à deux interrogatoires avec les anciens détectives Martin « Marty »Hart (Harrelson) et Rustin « Rust »Cohle (McConaughey). Ces derniers nous plongent dans une enquête de 1995 qui ressemble étrangement à une enquête en cours. C’est pour cette raison que les deux anciens détectives sont convoqués. Ces deux hommes, diamétralement opposés aussi bien sur le plan professionnel que personnel, se retrouvent 18 ans après.

True Detective, c’est avant tout Matthew McConaughey et Woody Harrelson au service d’un scénario riche en hémoglobine et en rebondissements et d’une mise en scène maîtrisée. Le scénario ne fait que s’amplifier d’épisode en épisode pour atteindre l’apothéose avec un final qui restera dans les annales. Matthew McConaughey sort son grand jeu (personnage obsessionnel enchainant clope sur clope, accent texan prononcé) et physiquement méconnaissable (il a enchainé à la suite les tournages de Dallas Buyers Club et de la série). Fraîchement auréolé d’un Oscar pour son rôle dans le film de Jean-Marc Vallée, Matthew McConaughey continue de casser son image de beau gosse grâce à son rôle dans True Detective (l’un des meilleurs de sa carrière). Et puis revoir Woody Harrelson en excellente forme, ça ne fait pas de mal ! C’est simple : on ne l’avait pas vu aussi habité par un rôle depuis un bon moment. On pourrait croire que l’un a plus de prestance que l’autre mais c’est totalement faux. Ils sont tous les deux mis en avant, chacun de manière différente et parfaitement complémentaires. Sans oublier Michelle Monaghan (Kiss Kiss Bang Bang, Source Code, Date Limite), incroyable en mère de famille et épouse esseulée. L’épisode 4 est un tournant dans la série, notamment son final dément où la réalisation folle s’allie au talent de McConaughey dans un plan-séquence effréné qui laissera des séquelles. La musique composée par T Bone Burnett (Walk The Line, Crazy Heart, Inside Llewyn Davis) est dans le ton de la série et colle parfaitement aux images. Les décors naturels de Louisiane sont superbes. Adam Arkapaw (directeur de la photographie d’Animal Kingdom) offre une image splendide et claire avec de très belles lumières. True Detective est aussi une série remplie de références (aussi bien visuelles que thématiques) allant de Twin Peaks à Massacre À La Tronçonneuse en passant par Se7en, Zodiac, Les Griffes De La Nuit, La Colline A Des Yeux, et plein d’autres polars littéraires et cinématographiques.On se console à l’idée de se dire que la saison 2 sera différente et qu’elle ne reprendra pas la même histoire, cependant Matthew McConaughey et Woody Harrelson vont nous manquer, leurs personnages sont tellement fouillés psychologiquement et attachants (c’est aussi la force du scénario) qu’il est difficile de les remplacer. M’enfin, wait & see comme diraient nos amis américains…
Une série (ou du moins une saison) qui marquera les esprits, prouvant que le monde de la série télévisée empiète de plus en plus sur le monde du cinéma. A découvrir d’urgence !