Critique : Very Bad Trip 3

 

Un film de Todd Phillips. Avec Bradley Cooper, Zach Galifianakis, Ed Helms. Sortie le 29 mai 2013.

 

Le wolfpack se range des voitures et solde les comptes au cours d’une ultime virée. La fin d’une époque !

 

Note : 2/5

 

Initié il y quatre ans, le « very bad » trip de Phil, Alan, Stu (et accessoirement Doug) prend ici une tournure inattendue avec cet ultime opus en forme de requiem. Exit les lendemains difficiles et place à l’introspection version … sobre ! Un choix qui aurait pu se révéler intéressant si le réalisateur Todd Phillips avait su faire preuve d’un peu d’audace. Plus road movie que jeu de pistes, VBT3 met nos trois larrons dans une bien mauvaise posture puisqu’ils doivent livrer Chow à un mafieux ayant enlevé Doug. Et le trip dans tout ça ? Et bien justement : visiblement assagi, le réalisateur Todd Phillips prend le risque de se mettre à dos une partie des fans. Plutôt que d’abandonner son concept pour mieux le transcender, il le sacrifie ostensiblement sur l’autel du sacro saint politiquement correct. Fini les cuites aux conséquences désastreuses, la désormais Loi de Murphy (ou politique du pire) sur laquelle la saga a largement bâti sa légende laisse place à un cheminement moins balisé mais beaucoup plus linéaire. Que ceux qui espéraient rire à gorge déployés baissent pavillons, aucun gag (anthologique ou pas) à l’horizon, la seule séquence potentiellement culte impliquant une girafe mal intégrée à l’image ! Pire : pour peu que vous ayez vu la dernière bande annonce dites vous que vous avez tout vu. Triste n’est ce pas ? Si VBT 2 se voyait davantage comme une version 1.5 de son prédécesseur, cet ultime chapitre, lui, joue clairement la carte de l’antithèse/synthèse faisant les frais de son succès et du retour à une certaine comédie mainstream. Car si la saga pouvait se révéler frustrante dans sa propension à ne jamais montrer les fameuses cuites, elle faisait clairement office d’ode à la désobéissance sourde, celle qui ne se révèle qu’une fois que les vapeurs d’alcool ont fait leur œuvre… encore mieux si c’est à l’insu de tous ! En définitive VBT titillait l’éternel ado qui sommeille en nous en l’appelant à se joindre à la fête pendant 90 minutes. Un mot d’ordre parfaitement cristallisé dans sa déclinaison MTV : le bien nommé Projet X produit par Todd Philips. Sauf que rien de tout cela ne transparait ici, au contraire, VBT3 prônerait plutôt le passage définitif à l’âge adulte et la prise de distance salutaire avec l’alcool.

 

 

© Warner Bros France
© Warner Bros France

 

Et pourtant, tout n’est pas à jeter dans ce trip plutôt bien pensant. Véritable star des deux précédents films, Zach Galifianakis nous revient ici plus en forme que jamais. Vampirisant littéralement l’écran, l’acteur sauve le film du naufrage en lui offrant ses plus beaux moments à travers une série de dialogues, postures et autres regards perçants tous plus mythique les uns que les autres. Si VBT 3 manque cruellement d’audace et d’efficacité comique, le cœur, lui, est bien présent par l’entremise du personnage d’Alan (Galifianakis donc) qui gagne en profondeur notamment via sa relation avec Chow dont on aurait aimé voir la dynamique mieux exploitée.Tour à tour tarés, touchants, agaçants ou hilarants, ils représentent le dernier bastion de folie substituant dans cette entreprise de démolition. Ainsi, c’est davantage leur cheminement personnel  qui interpelle, que les qualités relatives de cet opus mettant, plus que jamais, en exergue les écueils d’une saga vouée à s’autociter constamment. Si ce dernier numéro fait office de synthèse alors quid du message que la trilogie prônait depuis le début ? Nous aurait on menti ? Encore aujourd’hui on peut se poser la question à savoir si ce trip là tient plus du cynisme ou de l’opportunisme. Et si on aurait aimé voir le wolfpack s’en prendre davantage dans la tronche, le plaisir de les retrouver vivote toujours un peu. On aurait aimé que ce soit sur une tonalité plus décadente.

 

 

Assez prévisible, Very Bad Trip 3 est une virée paresseuse partiellement sauvée par ce grand malade de Zach Galifianakis.