Critique : Warm Bodies Renaissance

 

Un film de Jonathan Levine. Avec Nicolas Hoult, Teresa Palmer, John Malkovich. Sortie le 20 mars 2013.

 

Jonathan Levine s’amuse avec les codes du film de zombies et nous offre une jolie histoire d’amour bien saignante.

 

Note : 3,5/5

 

Quand R rencontre Julie c’est le coup de foudre, de celui qui fait battre votre palpitant à cent à l’heure et vous fait voir la vie en rose. En mauvaise posture, les tourtereaux en devenir s’enfuient afin d’échapper au courroux d’anthropophages gourmands. Durant leur cavale, R et Julie vont apprendre à se connaître, s’apprivoiser et qui sait peut être bien s’aimer. Petit problème : R est un zombie et Julie fait partie d’une milice chargée de les mettre hors d’état de nuire. L’amour sera t il plus fort que la mort ? Raconté comme ça Warm Bodies Renaissance a de furieux airs d’ersatz zombiesque de Twilight avec son couple vedette que tout sépare (à commencer par un état de délabrement avancée pour le premier et un teint pétillant pour la seconde) mais inextricablement attiré l’un par l’autre. Que nenni. Sous ses airs de rom com branchée surfant sur la vague déjà éculée de la romance surnaturelle, cache tout autre chose. Alors même que son sujet pouvait laisser craindre le pire, le film se voit irrigué par un second degré constant et salutaire. A l’image de son très beau All the boys love Mandy Lane, Jonathan Levine se sert des apparats du genre pour dresser en creux le portrait d’une génération au doux spleen. Mélancolique Warm Bodies Renaissance ? Oui mais jamais déprimant grâce à une excellente BO utilisée ici comme un personnage à part entière. Cool sans jamais être prétentieux, drôle tout en évitant l’écueil du pastiche, le film de Jonathan Levine  se démarque grâce à sa décomplexion naturelle et des personnages extrêmement attachants.

 

© Metropolitan Filmexport
© Metropolitan Filmexport

 

A commencer par R, zombie de son état, qui nous fait part de ses turpitudes (sommes toutes naturelles pour un jeune homme) via une voix off fort bien utilisée et débitant des répliques bien senties. Dans la peau décrépite du garçon mort mais pas trop, Nicolas Hoult se révèle très convaincant. Tour à tour drôle et touchant, il trahit une fragilité renvoyant directement à son personnage de Fauve dans X- Men : le commencement. A ses cotés, la superbe Teresa Palmer (Numéro 4) dégage une sensualité affolante matinée d’une mélancolie qui n’est pas sans rappeler Amber Heard dans All the Boys love Mandy Lane. De là à dire que la filmographie entière de Jonathan Levine a des airs de teenage wasteland il n’y a qu’un pas tant elle fait preuve d’une véritable cohérence. De manière humble et légère, le cinéaste apporte un regard à la fois tendre et lucide sur la jeunesse américaine dosant parfaitement ses effets via un subtil mélange des genres qu’il mixe drame et comédie (50/50), survival et teen movie (All the Boys love Mandy Lane) ou rom com et horreur (Warm Bodies Renaissance ) avec comme éternelle constante un amour profond  pour ses personnages . C’est un peu ça le cinéma de Levine : un mélange doux amer à la fois drôle et mélancolique, fragile et maitrisé. Son dernier bébé ne faillit pas à la règle et traite de la nécessité de ressentir pour vivre par le prisme de l’allégorie. Le message peut paraitre neuneu mais il est délivré avec une telle  sincérité qu’il suscite automatiquement la sympathie. Et si on devait faire dans la formule facile on pourrait dire que Warm Bodies Renaissance marque la drôle de rencontre entre The Walking Dead et Hartley, cœurs à vif le tout matiné d’un soupçon de Shaun of the Dead. Un peu réducteur pour un film qui parvient si bien à affirmer une identité propre, bien loin des trop pleins référentiels jalonnant le cinéma de genre.

 

Plus que les corps, Warm Bodies Renaissance réchauffe les cœurs au terme d’un récit déroulant tout en finesse la rencontre entre deux êtres pas si éloignés que ça.