Critique : X-Men : Days of Future Past

 

Un film de Bryan Singer. Avec Hugh Jackman, James McAvoy, Michael Fassbender. Sortie le 21 mai 2014.

 

Bryan Singer nous embarque dans un étourdissant voyage temporel plein de bruit, de fureur et de larmes !

 

 

 Note : 4/5

 

Après un troisième opus et un spin off faisandés,  on croyait les X-Men définitivement perdus dans les tréfonds du nanar. C’était sans compter l’arrivée de Matthew Vaughn qui surprit tout le monde avec le miraculé et miraculeux X-Men : le commencement. Produit par Bryan Singer d’après un scénario auquel il avait lui même contribué, ce prequel marquait le retour vers la solennité mutante perdue avec le départ du réalisateur d’Usual Suspects tout en faisant preuve d’une fraicheur propre au cinéma de Vaughn. Le tout nimbé dans une ambiance pop rendant l’expérience fort agréable. Presque comme un juste retour des choses, c’est désormais à Singer, instigateur de la franchise au cinéma, de reprendre le flambeau pour le plus grand bonheur des fans. Il faut dire qu’avec X-Men premier du nom, le cinéaste a signé l’un des films de super héros les plus sérieux et respectueux qui soit. Mais surtout, il avait parfaitement compris la substantifique moelle de la mythologie née en plein essor du Mouvement pour les Droits civiques et quelques mois seulement avant la mort de JFK. Cette notion d’instant T changea l’Histoire à jamais fait partie intégrante de la trame de X-Men : Days of Future Past dans lequel on voit Wolverine remonter le temps jusque dans les années 70 pour convaincre le jeune Charles Xavier et son meilleur ennemi Magneto de l’aider à empêcher un certain événement amené à causer la destruction de tous les mutants dans le futur. Une épopée qui ne sera pas sans conséquences et qui pourrait bien définitivement inscrire les X-Men dans l’épais marbre de l’Histoire. Jonglant constamment entre passé et futur avec un sens de l’équilibre impressionnant, le film utilise le voyage dans le temps comme porte d’entrée vers une multitude de possibilités vertigineuses. Si on atteint pas encore la maestria de Retour vers le Futur 2, il faut bien reconnaître que le métrage fait un usage assez malicieux de son postulat S.F. avec tout ce que cela peut impliquer comme paradoxes et alternatives. Et tout en marchant sur ce délicat fil, la narration ne flanche pas. Comprendre par cela que malgré les multiples tumultes qu’elle a connu, la mythologie demeure d’une cohérence absolue, le scénario parvenant à relier malicieusement tous les fils narratifs tendus depuis le premier X-Men.

 

©20th Century Fox
©20th Century Fox

 

Ce qui interpelle d’emblée dans X-Men : DOFP c’est la parfaite complémentarité entre les univers de Vaughn et de Singer comme si les deux hommes étaient destinés à redorer ensemble le blason du professeur Xavier et de ses élèves. Ici les enjeux dramatiques dessinés par le film du premier se fondent parfaitement dans la mythologie créée par le second. Mieux : Singer transcende la vision de Vaughn en approfondissant drastiquement les relations entre les personnages qu’il avait recrées il y a trois ans. En témoigne le triangle formé par Charles Xavier (James McAvoy)/ Magneto (Michael Fassbender)/Mystique (Jennifer Lawrence) qui atteint ici des sommets d’émotions. Un enjeu dramatique extrêmement efficace mais se nouant parfois au détriment de sous intrigues et antagonismes parfois sous exploités. Pour conférer à la perfection, DOFP aurait du se transformer en saga pléthorique. Reste que le film, à la fois dense et rigoureux, demeure un modèle de storytelling ayant le moyen de ses grandes ambitions. Des ambitions qui nécessitaient forcément un auteur en parfaite adéquation avec l’univers des mutants et rompu à l’exercice du blockbuster. Charriant des thèmes faisant écho à sa propre filmographie, DOFP était l’épisode idéal pour signer le grand retour de Bryan Singer aux affaires mutantes. Telle une famille qui se retrouve après des années d’absence, les retrouvailles sont marquées ici par une foule d’émotions que le spectateur se prend en pleine face. Le vrai papa des X-Men est de retour et ça fait un bien fou ! Un plaisir réciproque que le cinéaste a tenu à célébrer comme il se doit en traversant son métrage de morceaux de bravoure parfaitement exécutés et n’empiétant jamais sur la narration. On avait pas vu Singer faire preuve d’une telle maitrise depuis… X-Men 2 ! Au fur et à mesure de son déroulement, le film apparaît comme l’aboutissement logique de tout ce que le réalisateur a fait pour la licence, ce vers quoi elle aurait du déboucher après le second opus au lieu de se fourvoyer dans un 3eme épisode trahissant tout ce qu’il avait fait jusque là. Mais DOFP n’existe pas seulement par rapport à ses illustres ainés et parvient sans mal à exister en tant que blockbuster pur. Alliant à la perfection sens du divertissement et introspection sur le caractère réflexif de l’Histoire, il s’impose comme l’une des productions si ce n’est LA production Marvel la plus adulte de ces dernières années, en marge des velléités purement blockbusterisantes – et néanmoins efficaces- des Avengers et de leurs clique. La marge, en voilà un terme qui sied fort bien à Singer et ses mutants. Vivement l’Apocalypse !

 

 

Avec X-Men : Days of Future Past Bryan Singer signe le meilleur opus de la franchise depuis le second volet. Rien que ça !

 

 



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