Un film de Matthew Vaughn. Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon. Sortie le 1er juin 2011.
Les élèves de la première classe estampillée » 100% mutants » vous souhaitent la bienvenue au sein de leur école. Prêts pour une petite visite guidée ?
Note : 3,5/5
Marre des films de super héros ? Que diriez vous d’un film d’aspirants super héros ? Mieux non ? C’est le pari relevé par X-Men : le commencement qui affiche l’ambition quasi démesuré de revenir aux sources d’une des licences les plus fascinantes de l’écurie Marvel. Avec X-Men, Bryan Singer était parvenu à transposer sur grand écran un matériau extrêmement riche de par sa profusion de personnages et d’intrigues tout en témoignant d’une fascination certaine pour son bad guy de service, l’inquiétant Magneto. Deux suites et un spin-off plus tard, la saga se voyait en bien mauvaise posture à force d’édulcorations et de trahisons en tous genres. Deux ans après un Wolverine conspué par les geeks du monde entier, que reste il de la mythologie X-men ? Pas grand chose… du moins jusqu’au aujourd’hui ! Si X-Men : le commencement n’est pas le film de super héros ultime, il relève drastiquement le niveau d’une licence en perdition. Fruit d’un sacré development hell, le nouveau film de Matthew Vaughn fleurait bon le gros accident industriel phagocyté par les desiderata de producteurs trop impatients de sortir leur blockbuster estival bourré aux hormones super héroïques. Autant le dire tout de suite : Matthew Vaughn a beau ne pas avoir eu la tache facile sur ce coup là force est de reconnaître qu’il s’en sort comme un chef !
Un miracle eu égard aux délais extrêmement serrés (le tournage a commencé en septembre dernier !) et à la présence certainement très écrasante des executives sur le plateau, la Fox n’étant pas particulièrement connue pour sa diplomatie. Mais alors comment diable Vaughn a évité la sortie de route d’un projet qu’il a lui même défini comme étant le plus difficile sur lequel il a jamais bossé ? Tout d’abord par l’entremise d’un scénario malin qui a l’intelligence de se focaliser avant tout sur les personnages. Plus intéressé par leurs cheminements personnels que par leurs statuts purement iconiques, Vaughn humanise ses mutants sans jamais prendre le parti pris du manichéisme primaire. Au centre de cette approche, l’amitié quasi fraternelle liant Magneto et Xavier gagne en densité. A cheval entre admiration et rivalité, cette dernière prend le temps d’exister, de respirer. Plus antagonistes qu’ennemis, Xavier et Magneto apportent une réelle dynamique au groupe. De même, le triangle qu’ils forment avec Mystique est passionnant dans la mesure où il dessine des enjeux (voire des problématiques) esquissés voire inexistants dans les premiers films. Et alors qu’on aurait pu craindre que l’ensemble vire dans la confiserie pour ados en pleine crise d’hormones, X-Men : le commencement prend un virage inattendu en érotisant son propos de manière assez diffuse et latente. D’où l’impression d’assister à une préquelle qui n’enfonce jamais de portes ouvertes malgré certaines thématiques forcément récurrentes mais ancrées dans un contexte historique aux judicieuses résonnances. L’occasion pour Vaughn d’insuffler à son film une identité pop qui est pour beaucoup dans son charme. Une sorte de X-Men : Year 0 bariolé et reprenant à son compte tous les codes esthétiques inhérents aux glorieuses 60’s. Gadgets, bases secrètes, agents secrets et pin ups légèrement vêtues… X-men : le commencement est une sorte de James Bond à la sauce mutante ! D’où un coté désuet et nostalgique (parfois volontairement cheap) qui ne peut que remporter l’adhésion. D’autant que le film n’est pas avare en figures totalement représentatives du genre.
Dans le rôle du Blofeld de service, Kevin Bacon impressionne et confirme que son sourire carnassier sied parfaitement aux personnages de charmants salopards. Il est accompagné d’une savoureuse clique (la sublime et vénéneuse January Jones en simili Pussy Galore, Jason Flemyng en Oddjob spécialiste de la téléportation) ne sombrant jamais dans la caricature. Face à eux, Xavier et ses protégés feraient presque pâles figures s’ils n’étaient aussi touchants. Flegmatique en diable, James McAvoy se montre très convaincant en futur professeur X à la fois sage et bouillonnant. Mais la vraie star du film demeure Michael Fassbender qui bouffe l’écran en ange vengeur portant en lui toutes les contradictions et questionnements au centre de la mythologie X-Men. Tour à tour touchant et terrifiant, il incarne un Magneto à la croisée des chemins, Frankenstein moderne d’un monde en voie de déshumanisation. Un personnage qu’affectionne clairement le réalisateur qui, à l’image de Bryan Singer, semble lui vouer une fascination certaine, confirmant par là même qu’au fond Magneto a toujours été la figure centrale de X-Men. Big up aussi pour Hank Mc Coy (Le Fauve), nerd terriblement attachant nourrissant des rêves de normalité entre deux gadgets crées pour les X-men. Une obsession dont la tragique issue aurait gagné à être mieux traité. C’est peut être là l’un des seuls reproches du film qui, s’il parvient à parfaitement à gérer sa galerie de mutants, laisse de coté certains aspects et/ou personnages (les alliés humains sont totalement sacrifiés) pour mieux répéter à outrance un message un poil rébarbatif sur le droit à la différence. Comprendre par là qu’aussi réussi soit-il X-Men : le commencement n’évite pas certaines maladresses (coupes et raccourcis scénaristiques se font parfois ressentir) à l’image d’un duel aérien final dont nous vous laissons la surprise. Rien de bien méchant cependant tant l’ensemble se montre très plaisant et forcément peu avare en morceaux de bravoure. Plus singulier qu’il n’en a l’air, X-Men : le commencement convoque à merveille nostalgie et modernité via une mise en scène pêchue et énergique. Aujourd’hui, qui peut se vanter de pouvoir réussir un film d’espionnage à l’ancienne en prenant comme base une franchise aussi emblématique que X-men ? Personne et c’est bien là le grand tour de force de ce sacré sale gosse de Matthew Vaughn !
Aussi attendu que redouté, X-Men : le commencement transforme l’essai grâce à une cool attitude communicative. Groovy !