Critique : Young Adult

 

Un film de Jason Reitman. Avec Charlize Theron, Patrick Wilson, Patton Oswalt. Sortie le 28 mars 2012.

 

Jason Reitman et Diablo Cody s’attaquent aux icones déchues des lycées US. Attention film méchant !

 

 

Note : 3/5

 

La success story de Diablo Cody (de son vrai nom Brook Busey-Hunt) semble trop belle pour être vraie. Ex stripteaseuse passée du stade d’effeuilleuse à celui de scénariste hype, elle s’est construite un personnage d’auteur punk à travers des personnages grandes gueules. Mais sous l’apparente maturité de Juno ou encore le caractère faussement sulfureux de Jennifer’s Body se cachent aussi des propos beaucoup moins transgressifs qu’ils n’en ont l’air. Diablo Cody fausse prêtresse trash ? C’est en tout cas la question que l’on pouvait se poser en grattant la surface. De prime abord, Young Adult  s’inscrit dans la même lignée de déconstruction des clichés chers au cinéma US. Après l’ado et la sex bomb c’est au tour de l’ex égérie du lycée d’en prendre plein la tronche. Un peu comme si on retrouvait Quinn, la cheerlader de Glee à l’aune de la quarantaine humant l’alcool à plein nez et croulant sous les cernes diverses. C’est à peu près le sort réservé à Mavis ex bombasse de son lycée passée du stade de la gagne estudiantine à celui de la lose intégrale ! Un rôle en or pour Charlize Theron qui, dans le style « white trash », s’en sort beaucoup mieux qu’une certaine Cameron Diaz dans le gentil Bad Teacher.

 

Charlize Theron dans Young Adult de Jason Reitman
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Sauf que contrairement à la comédie faussement décadente de Jake Kasdan, Young Adult ne repose pas uniquement sur la personnalité trash de son héroïne et les vannes lancées à vive allure. Non, dans le genre, le film de Jason Reitman met le holà sur les répliques salées et relève davantage de l’entreprise de destruction massive que de la gouaille à tous les étages. Dans Young Adult, les stars d’hier sont engoncées dans un quotidien d’une triste banalité et tandis que certains s’y épanouissent d’autres tentent de s’en extirper à tout prix. Plus dépressif que rigolard, Young Adult est une étude de la médiocrité ordinaire. En cela, on peut dire qu’il s’agit du script le plus honnête de Diablo Cody qui ne cache pas son plaisir d’humilier son personnage principal à grands renforts de situations embarrassantes. Un peu comme si l’ex gothique prenait enfin sa revanche sur la blondasse tête à claques qui la martyrisait au lycée. Sauf qu’à trop s’acharner sur la pauvre Charlize, le récit finit par faire du surplace. Mu par le seul leitmotiv du dézinguage de blonde, Young Adult finit par rater partiellement sa cible en creusant toujours la même thématique. Dommage car le résultat a pour lui d’être infiniment moins moralisateur que Juno. On retiendra toutefois de cette entreprise de démolition les prestations habitées de Charlize Theron et  Patton Oswalt. La première triture son image avec délectation tandis que le second se révèle extrêmement touchant en confident stoïque.

 
 

Inégal mais sincère, Young Adult est la plus convaincante des collaborations du duo Reitman/Cody.