FEFFS 2015 : jours 4&5

 

Jours 4&5 : Fallait pas l’inviter !

Si le mercredi est le jour des enfants, ce 23 septembre était exceptionnellement réservé aux grands,  ceux qui se terrent dans les salles obscures de Strasbourg à la recherche de grands frissons. Et quitte à être enfermé quelque part mieux vaut que ce ne soit pas dans un vieil immeuble espagnol ! Une leçon que va apprendre à ses dépens Alicia, l’héroïne de Sweet Home qui décide d’organiser une soirée romantique avec son petit ami dans un immeuble vétuste. Seulement voilà : ce bien est convoité par des marchands de sommeil aux méthodes peu orthodoxes bien décidés à opérer un grand nettoyage par le vide. Démarrant comme un home invasion fort bien exécuté, le film se mue ensuite en slasher malsain via un « retournement de situation » bienvenu. Pour son premier long-métrage, Rafael Martinez s’en sort plutôt bien et arrive à créer une tension qui ne faiblira pas jusqu’au plan final. Classique mais efficace ! Harcelées mais pas aussi malmenées, les filles de GTFO ne sont pas non plus du genre à se laisser faire comme en témoigne ce documentaire édifiant sur les attaques dont sont victimes les « gameuses » que ce soit de la part des joueurs de sexe masculin ou de communautés ultra conservatrices n’hésitant pas à insulter voire menacer de mort toute femme ayant le malheur de chasser sur leurs terres vidéoludiques. Evitant adroitement le pathos, GTFO se revendique davantage comme un glaçant état des lieux sur une pratique (le harcèlement sexuel) dépassant largement les frontières du virtuel pour impacter directement la vie des femmes visées. Effrayant.

 

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Beaucoup plus décontracté, The Guest colle aux Rangers d’un soldat bien sous tous rapports venu rendre visite à la famille d’un de ses anciens camarades tombé au combat. Ultra-charismatique, il va très rapidement s’appliquer à changer le quotidien de cette famille brisée. Sauf que les apparences peuvent être mortellement trompeuses. Après l’excellent You’re next, Adam Wingard poursuit son exploration très personnelle du genre et nous offre une série B à la lisière entre entre le thriller et le pur actioner. Très rétro dans son approche, le film digère parfaitement ses références 80’s jonglant adroitement entre premier et second degré sans jamais se moquer de la période à laquelle il prête allégeance, bien au contraire ! Une réussite à mettre aussi et surtout au crédit du magnétique Dan Stevens (Ballade entre les tombes), croisement improbable entre Stephen Baldwin (le charisme en plus) et Chuck Norris (la barbe en moins) absolument génial en soldat aussi charismatique que dangereux. Sous ses dehors de petit film, The Guest cache un divertissement fun et intelligent, une sorte de chaînon manquant et totalement improbable entre Rambo et… Théorème ! Présenté dans la section Crossover, le contemplatif Uncle John détonne tant par son approche intimiste et anti-spectaculaire que par sa quasi absence de filiation avec le genre malgré une vague trame policière servant d’arrière-plan à cette chronique. Mais surtout le film marque le retour en premier plan du trop rare John Ashton (Taggart dans Le Flic de Beverly Hills 1&2) méconnaissable sans sa fameuse moustache et absolument génial en vieil homme cachant un lourd secret. Aussi réussi soit-il (tant en termes d’écriture que de mise en scène) Uncle John aurait eu davantage sa place dans des festivals plus « traditionnels » (Deauville ou en section parallèle à Cannes) qu’ici. Une erreur de casting certes mais tellement belle qu’on en viendrait (presque) à remercier le festival de nous avoir fait découvrir cette petite perle. Allez on se lâche : merci le FEFFS !

 

DAN STEVENS stars in the action thriller THE GUEST, opening in September.
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Ce jeudi matin, j’étais particulièrement enthousiaste. Pourquoi ? Parce que j’allais voir Night Fare, nouveau film de Julien Seri (Scorpion) réalisé en toute indépendance (comprendre sans argent !) et racontant la traque de deux amis par un taxi vindicatif. Le pitch, l’économie de moyens, le tournage guerilla, la présence au générique de la sublime Fanny Valette… tout laisser augurer un thriller tendu, un flux tendu d’une heure vingt habité par la notion d’urgence. Que nenni : plutôt pépère malgré quelques scènes d’action réussies, Night Fare joue la carte du cache-misère à grands renforts de ralentis superflus et de hors-champs frustrants. Dommage tant on sentait le projet pétrit de bonnes intentions et transcendé par le savoir-faire d’une équipe  au talent indéniable. Platement mis en scène, Night Fare n’assume jamais son statut de shocker urbain préférant se perdre dans les méandres du film à message à la morale douteuse. Brulot sociétal ou « film de la renaissance» (dans tous les sens du terme) comme se plait à le préciser Julien Seri ? On laissera au spectateur le soin de se faire sa propre opinion dès le 4 novembre, date de sortie du film  en salles. Plus tard, c’est sous le signe de la nostalgie que s’est prolongée la journée avec la projection de Gremlins 2 en 35mm s’il vous plait c’est-à-dire avec un interlude différent de la version video. Toujours aussi fou et subversif, le film de Joe Dante n’a rien perdu de sa verve bien au contraire, son propos sur les dérives de la société de consommation et le culte de l’image gagnant ici en impact, le métrage se permettant même de pirater les codes du placement de produit au service de son esprit résolument punk ! Enfin, il était impossible de clore ce compte-rendu sans parler de Cop Car, polar coenien dans lequel un flic véreux se lance à la poursuite de deux gamins ayant volé sa voiture. Pince sans rire, violent, le film vaut essentiellement pour la prestation de Kevin Bacon absolument génial en ripou moustachu au look très 80’s. Une belle surprise, très bien mis en scène et interprété malgré quelques longueurs venant plomber l’ensemble.

 

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Tableau de notes fantastique

Sweet Home : 3,5/5

GTFO : 3/5

The Guest : 4/5

Uncle John : 3,5/5

Night Fare : 2/5

Gremlins 2 : 4,5/5

Cop Car : 3,5/5

 

 

Merci à Lucie Mottier et Jean-François Gaye de Dark Star