Festival du film fantastique de Strasbourg : jour 1

 

Lentement mais surement, le Festival Européen du Film Fantastique qui se tient depuis quatre ans à Strasbourg pourrait bien devenir l’un des centres névralgiques du cinéma de genre. Ce qui n’était à l’origine que des soirées thématiques réunissant une poignée d’irréductibles a rapidement pris de l’ampleur au point de devenir un événement incontournable pour les aficionados. Au point qu’aujourd’hui le festival croule sous les partenariats divers (BNP Paribas, SyFy, L’Ecran Fantastique…) et peut s’enorgueillir d’avoir convaincu le grand George A. Romero d’être président du jury cette année. On appelle ça la classe ! Autre élément majeur et non des moindres : une programmation éclectique convoquant des curiosités de tous les horizons de Livide du duo Bustillo/ Maury à Sint de Dick Mass en passant par Le Petit Poucet de Marina de Van ou Red State de Kevin Smith. Bref, que du bon et pour peu que vous ayez raté l’Etrange Festival cette année, Strasbourg fait office de joli lot de consolation et bien plus encore tant il parvient année après année à s’affranchir de ses confrères.

 

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Vampires et Amérique profonde

Ce lundi matin (après une cérémonie inaugurée la veille avec le trippant Super) était placé sous le signe des vampires à travers deux oeuvres radicalement différentes mais fortement empreintes du sceau des suceurs de sang. A commencer par Vampire de Shunji Iwai, curiosité canadienne lancinante et poétique. Plus proche de Martin de Georges A. Romero (tiens, tiens) que du Vampires de John Carpenter, le film d’Iwai est une proposition singulière autour du mythe vampirique et suis les errances de Simon ( Kevin Zegers, sosie officiel de Ian Somerhander), professeur de bio qui étanche sa soif de sang en aidant des suicidaires à passer de vie à trépas. D’une tristesse infinie, ce film extrêmement dépressif traite avec retenu du suicide et mets l’accent sur un mal être très actuel. Dommage toutefois que l’ensemble se montre un peu trop redondant et n’explore pas plus les quelques pistes qu’il dessine, personnifiées par des personnages très intéressants mais beaucoup trop effacé. Souvent juste, parfois maladroit, Vampire décline la mythologie en mode spleen. Nous avions déjà évoqué Stake Land à l’occasion de l’Etrange Festival il y a quelques jours. Presque aux antipodes du métrage d’Iwai, le film de Mickle jongle entre l’intimiste et la pure série B de façon pas toujours très adroite mais demeure efficace.

 

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L’après midi aura, elle, été marquée par la projection de Bellflower dans la section « Crossover » réunissant des oeuvres à la croisée des genres. Ecrit, réalisé, monté et interprété par Evan Glodell, ce premier film prétant allégeance à Mad Max suit les tribulations de deux potes nourrissant des fantasmes d’Apocalypse tout en construisant un lance flammes et une voiture à faire palir de jalousie K2000. Seulement voilà : tout bascule lorsque l’un d’eux tombe amoureux. Chronique très arty peuplé de personnages insupportables convaincus d’être cools, Bellflower est aussi intéressant sur la forme que prétentieux et vain. D’où certaines fulgurances où la très belle musique composée spécialement par Jonathan Keevil s’allie parfaitement à de superbes images. Malheureusement, le réalisateur (qui joue très mal soit dit en passant) condense tous les agaçants tics inhérents à toute première oeuvre et ne parvient jamais à cacher l’immense vacuité de l’ensemble. On voudrait aimer Bellflower pour la beauté de ces images et sa profonde mélancolie mais sa tendance à prendre le spectateur de haut anihile toute empathie. Heureusement, cette première journée s’est cloturée en beauté avec le formidable Red State de Kevin Smith dont le traitement sec et adulte trahit une réelle maturité de la part d’un réalisateur qu’on pensait enfermé dans l’opportunisme régressif depuis son navrant Top Cops. Comme quoi il est des fois où l’on aime se tromper. Et tandis que les étoiles nimbent Strasbourg, les cinéphages émérites en remettent une couche avec New Kids Turbo ( à ne pas confondre avec New Kids On The Block !), gros délire en provenance des Pays Bas. De quoi finir la nuit en beauté !