Livres : la sélec’ de Noel 2020

48  heures avant le jour J et vous n’avez toujours pas trouvé d’idées cadeaux pour votre famille de littéraires portant les écrans en horreur ? Pas de panique, Cinevibe est là et vous propose une sélection 100% livres avec plein de mots dedans !

Neuromancien de William Gibson
Si vous avez tâté ou joué à Cyberpunk 2077, alors vous avez du avoir un petit aperçu de la richesse de l’univers du jeu. Une richesse qui ne vient pas de nulle part puisqu’elle fait écho à tout un pan du cyberpunk. Parmi les références totalement assumées par le jeu, il y a bien entendu les écrits de William Gibson – le pape du cyberpunk et inventeur du terme cyberespace – en général et Neuromancien en particulier. Œuvre matricielle, nourricière de tout le mouvement cyberpunk, Neuromancien colle aux basques de Case, hacker déchu dans futur dystopique, acceptant une mission de la dernière chance pour le compte d’un mystérieux employeur. Ecrit en 1984, Neuromancien, non content d’avoir initié le mouvement cyberpunk,  a eu un impact considérable sur tout un pan de la pop culture, des œuvres comme Ghost in the Shell ou Matrix assumant parfaitement leur filiation avec le livre de Gibson. (Re)découvrir Neuromancien s’avère particulièrement passionnant tant les thèmes qu’il brasse ( la transhumance, l’omniprésence des technologies,  transcendance technologique, physique et spirituelle) et la société corporatiste qu’il dépeint trouvent des résonnances aussi effrayantes que justes aujourd’hui. Véritablement prophétique, Neuromancien est plus qu’un livre de S.F., c’est une pierre fondatrice, un chef d’œuvre impérissable . S’il n’est pas le livre le plus difficile d’accès de William Gibson, Neuromancien n’en demande pas moins une réelle implication de la part du lecteur et une sensibilité certaine aux problématiques qu’il pose. Un livre que d’aucuns pourrait trouver abscons mais qui nous offre un voyage absolument fascinant. Proposé dans une toute nouvelle traduction, Neuromancien est la porte d’entrée idéale à l’univers du cyberpunk. En complément, nous ne saurions trop vous conseiller de vous procurer Cyberpunk, histoire(s) d’un futur imminent, superbe ouvrage écrit à six mains par Stéphanie Chaptal, Jean Zeid et Sylvain Nawrocki, superbe ouvrage richement illustré décryptant le genre de fond en comble.

Neuromancien de William Gibson. Nouvelle traduction de Laurent Queyssi. Editions Au Diable Vauvert. En librairies depuis le 1er octobre 2020. 22 euros.

Cyberpunk, histoire(s) d’un futur imminent de Stéphanie Chaptal, Jean Zeid et Sylvain Nawrocki. Ynnis Editions. En librairies depuis le 25 novembre 2020. 29 euros.


Les spectres de la terre brisée de S. Craig Zahler

On connait surtout S. Craig Zahler en tant que réalisateur avec des films comme Bone Tomahawk, Cellule 99 ou encore le récent Trainé sur le bitume avec Mel Gibson et Vince Vaughn. Des œuvres coups de poing, toujours très verbeuses avant de se conclure sur des apothéoses gore et violentes à faire glousser d’intimidation les plus aguerris. Réalisateur, scénariste (on lui doit le sanguinolent et très politiquement incorrect Puppet Master : the littlest reich), directeur de la photographie, compositeur ET romancier, S.Craig Zahler est un homme aux multiples talents dont les oeuvres sont composées de gimmicks ou motifs parfaitement identifiables. Les spectres de la terre brisée ne fait pas exception à la règle loin de là. Sur un postulat qui n’est pas sans rappeler Bone Tomahawk, le roman situé au début du 20ème siècle suit l’équipée sauvage d’une fratrie bien décidée à délivrer leur deux soeurs retenues prisonnières par un gang de mexicains libidineux. L’expédition punitive, mené par le patriarche – un ancien et redoutable outlaw – va rapidement prendre une tournure inattendue. Sauvage dans tous les sens du terme, Les spectres de la terre brisée est un western brutal, sombre, traversé de moments d’une violence inouïe. Questionnant notre humanité de manière extrêmement frontale, cet uppercut littéraire devrait ravir les amateurs de western nourris au cinéma de Sam Peckinpah.

Les spectres de la terre brisée de S.Craig Zahler. Traduit de l’anglais par Janique Jouin-de Laurens. Editions Gallmeister. En librairies depuis le 5 novembre 2020. 11 euros.


Génération X de Douglas Coupland

Les Etats-Unis ont Brett Easton Ellis, le Canada a Douglas Coupland. Une comparaison un peu provoc mais qui s’applique surtout au Brett Easton Ellis des Lois de l’attraction et Moins que Zéro. Dans Génération X, Coupland y fait la peinture d’une jeunesse désenchantée en proie à une crise existentielle se traduisant ici par un style alerte. Coupland y traduit l’ennui de manière éminemment ludique et lucide via des personnages tour à tour attachants et horripilants. Défini par le New York Times de « monstre de Frankenstein version pop culture », ce roman culte Outre-Atlantique a défini tout un pan de la contre-culture des années 90. Sorte de « contre-manuel de savoir-vivre », Génération X est à (re)découvrir absolument à une ère où la prolifération d’écrans proscrit toute forme d’ennui, aussi saine soit-elle. Un must !

Génération X de Douglas Coupland. Nouvelle traduction de Charles Recoursé. Editions Au Diable vauvert. En librairies depuis le 19 mars 2020. 20 euros.

Les filles mortes ne sont pas aussi jolies d’Elizabeth Little
La cinéphilie est-elle soluble dans le polar ? Réponse avec l’excellent Les filles mortes ne sont pas aussi jolies. Ballade mémorielle et cinéphile, le roman d’Elizabeth Little est un petit bijou de malice et de ludisme. Véritable cadavre exquis à destination des cinéphiles et des amateurs de romans policiers, il regorge de références toutes plus réjouissantes les unes que les autres, multiplie les clins d’oeil et nous offre un miroir à peine déformant de l’industrie hollywoodienne. Par le prisme d’une enquête policière que n’aurait pas reniée Agatha Christie, Les filles mortes ne sont pas aussi jolies fait preuve d’un ludisme rafraichissant, capitalisant davantage sur sa galerie de personnages savoureux que sur son intrigue aux airs de tragédie moderne. Féministe, drôle et nanti d’un style acerbe et piquant, ce vrai/faux polar pas comme les autres détourne astucieusement les codes du genre pour livrer une réflexion très pertinente sur notre rapport à l’image et au passé.

Les filles mortes ne sont pas aussi jolies d’Elizabeth Little. Traduit de l’anglais par Julie Sibony. Editions Sonatine. En librairies depuis le 22 octobre 2020. 22 euros.