C’est dimanche que s’est clôturée la 5eme édition du PIFFF qui a envahi le Grand Rex de Paris du 17 au 22 novembre 2015 dans un climat certes tendu et empli de tristesse. Ce qui n’a pas empêché les aficionados de se retrouver à ce rendez-vous désormais incontournable du cinéma fantastique hexagonal comme pour faire acte de résistance devant les horreurs commises quelques jours auparavant. La culture, dernier bastion face à l’ignominie et la barbarie ? Disons plutôt vecteur de contacts humains et d’unité. En cela, on ne peut que saluer la décision des organisateurs du PIFFF d’avoir maintenu le festival, car en ces temps troublés il n’y a rien de plus beau qu’une salle de cinéma rempli de spectateurs à l’unisson. On s’était promis de ne pas verser dans le lénifiant, d’éviter les lieux communs mais c’était peut-être trop (se) demander. En attendant de laisser l’émotion prendre le pas sur l’affect, nous vous proposons quelques morceaux choisis de ce festival qui en dépit de sa ligne éditoriale pas forcément axée sur le feel good movie nous a fait un bien fou !
Scream Girl (Film d’ouverture)
Le festival a plutôt bien démarré avec ce slasher parodique se situant quelque part entre Last Action Hero et Vendredi 13. Malgré quelques facilités et une trop grosse propension à prendre la série des Vendredi 13 en ligne de mire, Scream Girl se pare d’une émotion particulière lorsqu’il se focalise sur son personnage principal. Plus intéressant dans sa réflexion sur le deuil que dans son coté parodique, le film n’en demeure pas moins un méta slasher bourré d’idées (pas toujours bien exploités) dont la sincérité détonne avec le cynisme – autrefois salutaire- des Scream de Wes Craven. Le pop corn movie idéal pour un samedi soir entre potes ! Enfin, sachez que Scream Girl est disponible en VOD depuis le 18 novembre.

Le Complexe de Frankenstein
Trois ans après le révérencieux et très chouette Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux, Alexandre Poncet et Gilles Penso reviennent avec un nouveau documentaire axé cette fois sur ces autres magiciens à l’origine de quelques-uns des monstres les plus emblématiques du 7eme art. Davantage passionné que passéiste, Le Complexe de Frankenstein sonne comme un formidable cri d’amour à tous ces hommes de l’ombre qui auront su nous faire rêver ou cauchemarder. Truffé d’interventions toutes plus pertinentes les unes que les autres, cet excellent documentaire avait toute sa place au PIFFF et, on l’espère dans d’autres festivals célébrant le genre dans toute sa pluralité, avant d’envahir les rayonnages DVD/Blu-ray des aficionados. Incontournable et éclairé.

The Virgin Psychics
Véritable stakhanoviste du 7eme art, le grand Sono Sion enchaine les films à un rythme infernal avec pour l’année 2015 pas moins de sept longs-métrages à son actif. Ce n’était qu’une question de temps avant que ce cinéaste aussi dingue que doué présente des signes de fatigue. Ainsi, après les réussis Tag et Love & Peace, le trublion du cinéma nippon, nous revient avec le polisson The Virgin Psychics. Et alors qu’on pensait le cinéaste totalement improbable à toute forme de ratage malgré une cadence de production conférant au surhumain, The Virgin Psychics nous prouve par l’image que même les plus grands peuvent se prendre les pieds dans le tapis. Mix totalement WTF entre X-Men et American Pie, The Virgin Psychics et ses blagues graveleuses, son lot de jolies filles légèrement vêtues amuse dans sa première heure avant de provoquer une certaine lassitude à force de redondances trop répétées. Un Sono Sion mineur traversé par quelques fulgurances mais qui aurait mérité une bonne demi-heure en moins. 120 minutes d’éjaculations précoces c’est quand même un peu long…sans mauvais jeux de mots !

The Survivalist
Présenté il y a deux mois au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (cf. notre compte rendu), The Survivalist est une proposition filmique aussi fascinante que belle et exigeante. Epuré à tous points de vue, il offre un autre vision d’un sous genre codé à l’extrême (le post nuke) en lui donnant des atours contemplatifs et naturalistes du plus bel effet. Qu’on y adhère ou pas, The Survivalist reste un pur film de cinéma aux images saisissantes. Vivement sa sortie salles.

Deathgasm
LE Midnight Movie par excellence, Deathgasm est un peu le Evil Dead des metaleux. Un condensé d’humour, de gore et de hard rock balancé à fond les ballons. Aussi inoffensif que réjouissant, le film a toutefois contre lui de passer derrière d’illustres ainés auxquels il ne peut malheureusement pas faire de l’ombre. Sa bonne humeur communicative, sa décomplexions totalement assumée et surtout sa passion évidente du genre en font toutefois un film terriblement attachant et drôle. Rock n’roll !

Le garçon et la bête (Nuit Japanimation)
On vous en reparlera plus en détails à l’occasion d’une chronique dédiée mais le dernier film de Mamoru Hosoda sera certainement l’une des plus belles surprises du début d’année 2016. Si Le Garçon et la Bête bâtit de quelques problèmes de rythme, le résultat s’avère suffisamment émouvant et maitrisé pour imposer Hosoda comme l’un, voire le plus sérieux candidat à la succession d’Hayao Myazaki. Drôle, émouvant et fort bien écrit, Le garçon et la bête pourrait bien devenir l’un des coups de cœur de l’année prochaine. Tous en salles à partir du 13 janvier 2016.

The Green Room (film de clôture)
Des punks, des skinheads, un piège implacable… voici le programme du nerveux The Green Room. Après Blue Ruin, Jeremy Saulnier continue son exploration d’une violence graduelle en milieu non tempéré. Brut de décoffrage, nihiliste, The Green Room n’épargne rien ni personne et agrippe le spectateur de la première à la dernière minute. Huis-clos à flux tendu, le film de Jeremy Saulnier, malgré quelques baisses de rythme parfois rédhibitoires, creuse intelligemment la thématique de son précédent long-métrage et confirme tout le savoir-faire du cinéaste .

Tableau de notes hexagonaux-fantastiques (tous droits réservés !)
Scream Girl : 3/5
Le complexe de Frankenstein : 4/5
The Virgin Psychics : 2,5/5
Deathgasm : 3,5/5
The Survivalist : 3,5/5
Le Garçon et la Bête : 4/5
The Green Room : 3,5/5
Merci à Blanche Aurore Duault de Miam et à toute l’équipe du PIFFF. See you next year !