Séance de rattrapage : critique 127 heures

 

Un film de Danny Boyle. Avec James Franco, Amber Tamblyn, Clémence Poésy. Sortie le 23 février 2011.

 

Danny Boyle et James Franco partent en randonné. James Franco tombe dans la crevasse. Dérapage contrôlé ? Oui et non…

 

Note : 3,5 /5

 

Depuis 1995, Danny Boyle n’aura eu de cesse de triturer l’image du briton propre sur lui via une filmographie aussi bariolée qu’explosive. Naviguant à vue entre bombes filmiques (Transpotting) et fascinants accidents industriels (La Plage), l’homme pour qui les petits meurtres ne se font qu’entre amis après deux fixs, s’est forgé au fil des ans une solide réputation d’alchimiste punk du ciné dont chaque œuvre imprime durablement la rétine non sans griller quelques neurones au passage ! Ayant visiblement bouffé du lion après Slumdog Millionnaire, il décide de passer un cap supplémentaire avec 127 heures. A l’image du récent Buried, 127 heures joue la carte du huis clos. Toutefois là où le suffoquant film de Cortès faisait preuve d’un jusqu’au boutisme remarquable dans son respect d’un cahier des charges ultra contraignant, le dernier méfait de Boyle prend lui un malin plaisir à abolir les limites spatiales et temporelles imposées par son pitch. Une approche à double tranchant car si elle permet de booster un récit trop statique,  son application annihile partiellement l’émotion supposée s’en dégager. Alors que dans Slumdog Millionaire les effets chics et chocs couplés à un montage super cut servaient admirablement la narration tout en conférant à la mise en scène de Danny boy un ludisme bienvenu, ils ne dépassent jamais ici le stade de gimmick .

 

 

James Franco dans 127 heures de Danny Boyle
James Franco dans 127 heures de Danny Boyle

 

Toutefois, si la réalisation très punchy de Boyle se révèle parfois superflue au regard des enjeux se dessinant, elle dégage une énergie salvatrice éminemment contagieuse dès son entêtant générique. Esthétiquement très léchée, elle réserve quelques moments de grâce via des plans d’une beauté souvent saisissante. Un exploit supplémentaire à afficher au tableau de chasse d’un cinéaste décidément pas comme les autres. A cela s’ajoute la percutante musique d’A.R. Rahman (sorte de Hans Zimmer du cinéma bollywoodien) dont les orchestrations font écho aux expérimentations visuelles de Boyle. Ceci étant, il faut bien reconnaitre que si ces éprouvantes heures parviennent à nous scotcher ce n’est pas tant par l’entremise de son esthétique aérienne que par celle de son acteur principal.

 

 

James Franco, Kate Mara et Amber Tamblyn dans 127 heures de Danny Boyle
James Franco, Kate Mara et Amber Tamblyn dans 127 heures de Danny Boyle

 

Bouffeur d’écran professionnel dont la belle gueule et le jeu à fleur de peau rappellent irrémédiablement un certain James Dean, James Franco déroule ici une incroyable palette d’émotions. Portant entièrement le métrage sur ses épaules, il parvient à  raccrocher le spectateur à cette humanité faisant partiellement défaut à la réalisation et livre l’une de ses plus intenses performances. En attendant de le voir dans Your Highness, le stoner movie médiéval de David Gordon Green (Délire Express), l’acteur continue de confirmer tout le bien que l’on pensait de lui.

 

Imparfait, 127 heures a les qualités de ses défauts mais demeure une belle leçon de courage grâce à un James Franco habité et quelques belles idées de réalisation.