Un film d’Alex Proyas. Avec Nikolaj Coster-Waldau, Gerard Butler, Geofrey Rush. En salles depuis le 6 avril.
Après les décevants I, Robot et Prédictions, le réalisateur des immenses Dark City et The Crow revient avec Gods of Egypt inspiré par la mythologie égyptienne. Peut-on parler d’un retour gagnant ? Ben, pas vraiment…
Note : 2/5
Après avoir frappé très fort avec The Crow et Dark City, Alex Proyas nous avait laissé perplexe avec I, Robot et Prédictions (cf. notre dossier), beaucoup moins personnels et ambitieux. Il a fallu attendre 7 ans pour qu’il revienne à la réalisation. La raison de cette attente est à imputer au projet finalement abandonné de Paradise Lost d’après Le Paradis perdu de John Milton. C’est donc avec Gods of Egypt qu’il fait son retour tant espéré par ses premiers fans. Le pitch, librement inspiré de la mythologie égyptienne dont nous retrouvons les dieux principaux (Horus, Ra, Seth), avait l’air sympathique sur le papier : l’affrontement entre Jaime Lannister de Game of Thrones et Leonidas de 300 dans la peau de Horus et Seth. Avant même sa sortie américaine, le casting avait suscité une polémique en raison de son manque de diversité et d’acteurs égyptiens. Quant-à la bande-annonce, elle n’augurait rien de bon avec l’utilisation abusive de CGI. La réception du film a été très mauvaise à sa sortie outre-Atlantique. Les critiques l’ont tellement « dézingué » que Proyas a écrit une tribune sur Facebook pour se plaindre de leur stupidité. Le public a suivi leur avis : Gods of Egypt a fait un gros bide au box-office alors que c’est à ce jour le film le plus cher du metteur en scène. Cet échec critique et public est-il mérité ? Difficile de répondre par la négative. Beaucoup de choses ne fonctionnent pas.

D’abord le ton du film. Les scénaristes et le cinéaste ont choisi d’y mettre de l’humour avec quelques répliques et situations censées être drôles. L’humour aurait pu être salutaire s’il était réussi, mais il tombe à plat et rend difficile la possibilité de prendre au sérieux les événements. On croirait voir un film pour ados : le scénario de Burk Sharpless et Matt Sazama (Le dernier chasseur de sorcières, Dracula Untold) semble plus s’intéresser à l’histoire d’amour assez niaise entre Bek, le héros humain, et sa dulcinée qu’à l’affrontement entre les dieux. Si le casting est à blâmer pour son absence de diversité, il l’est aussi pour le choix du falot Brenton Thwaites qui joue Bek. Son manque de talent était déjà visible dans The Giver, l’un des pires films de 2014. L’autre erreur est Gerard Butler qui fait plus penser à un Leonidas en moins gentil qu’au terrifiant Seth. Mais c’est surtout pour les yeux que Gods of Egypt est très douloureux. Le film est, comme la bande-annonce pouvait le laissait penser, un hymne raté aux CGI. Presque tout, des décors aux personnages fantastiques, est le produit d’effets numériques. D’ailleurs, les acteurs ont raconté qu’ils ne faisaient que se balader devant des fonds verts. Ce recours abusif aux CGI que l’on peut voir comme une fâcheuse tendance du cinéma d’aujourd’hui fait regretter le cinéma d’hier avec ses trucages et ses décors que l’on admire tant dans The Crow et Dark City. Ces effets numériques n’auraient pas été condamnables s’ils étaient bien faits. Mais c’est loin d’être le cas : la plupart des images sont laides alors que Proyas est connu pour son talent d’esthète. Il en va de même de la musique de Marco Beltrami qui a déjà signé celles de I, Robots et Prédictions. Heureusement, quelques bons points sauvent le film du désastre. L’action est bien menée. Certaines idées visuelles sont bonnes, telles que l’aspect de l’Après-Vie et du vaisseau de Ra qui tracte le soleil. L’histoire donne envie de se plonger ou de se replonger dans la mythologie égyptienne dont elle s’inspire.
Ce n’est donc pas avec Gods of Egypt qu’Alex Proyas fera son retour en grâce. Peut-être en sera-t-il autrement de « The Unpleasant Profession of Jonathan Hoag » d’après le roman court de Robert Heinlein…