Séance de rattrapage : Sélection de Noël


Fêtes de Noël oblige, Cinévibe vous a fait une petite sélection des films à voir ou à éviter pour cette fin d’année riche en émotions. Une sélection forcément subjective que vous êtes invité à commenter ou à partager. En attendant le père Noël, on vous souhaite de bonnes séances au chaud et tout plein d’émotions cinématographiques !

Letoe Kirill Serebrennikov. Avec Roman Bilyk, Irina Starshenbaum, Teo Yoo. En salles depuis le 5 décembre 2018.

Leto (L’été), c’est l’histoire d’un coup de foudre : celui que vous aurez irrémédiablement pour Mike, Natacha et Viktor, jeunes musiciens en quête d’idéal bien décidés à secouer la scène rock russe des années 80. Inspiré des mémoires de Natacha Naumenko, Leto raconte la rencontre entre son mari Mike et Viktor Tsoi, futur leader du groupe Kino qui révolutionna le rock russe à la fin des années 80. Biopic russe en noir et blanc de plus de deux heures… à priori Leto ne vend pas du rêve et pourtant croyez-nous vous risquez fort de ne pas voir plus original et rafraichissant en cette fin d’année ! Poétique, drôle, touchant et d’une originalité folle, Leto est un film rock dans tous les sens du terme : une œuvre bien décidée à bousculer les conventions, ne tenant jamais en place, préférant nous entrainer au rythme d’une BO d’enfer convoquant tour à tour Lou Reed, David Bowie, Iggy Pop ou encore T-Rex. Plus qu’un biopic musical, Leto prend le pouls d’une scène rock en pleine ébullition. Kirill Serbrennikov nous offre une véritable fable où fiction et réalité se fondent parfaitement dans des envolées lyriques d’une grâce incroyable. Et si la langue russe peut apparaitre comme une barrière de prime abord, le charme opère de manière quasi instantané grâce notamment à son très beau trio vedette. Pour son premier rôle au cinéma, le musicien Roman Bilyk incarne un Mike Naumenko monstrueux de charisme aux cotés de l’envoutante Irina Starshenbaum qui incarne la douce Natacha. Face à eux, l’acteur allemand né sud-coréen Teo Yoo fait des merveilles dans la peau d’un Viktor Tsoi ultra magnétique. Et si l’on devait encore sortir un argument pour vous convaincre de voir ce feel good movie rock à voir absolument en salles, imaginez un mix entre le cinéma de Cameron Crowe et celui de Michel Gondry, vous aurez alors une petite idée des nombreuses surprises que ce film vous réserve. Coup de foudre garanti ! (Note : 4,5/5)

Bac Films

 

 

Spider-Man : New Generation de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman. Avec les voix originales de Shameik Moore, Jake Johnson, Nicolas Cage. En salles depuis le 12 décembre 2018.

Deux reboots, des apparitions du coté des Avengers… c’est peu dire que Spider-Man revient de loin depuis que Sam Raimi a décidé de tisser ailleurs il y a dix ans. Et alors que le héros continue d’être balloté entre Sony et Disney, c’est à se demander s’il retrouvera un jour sa splendeur. Tel un phare au milieu d’une nuit décidément trop noire, Spider-Man : New Generation arrive donc à point pour éclairer les cœurs des fans et par extension de tous les amateurs de divertissement super-héroïque. Revisitant de manière totalement inédite l’histoire de Spider-Man : New Generation derrière son parti-pris graphique à la lisière de l’expérimental cache un film totalement fou, d’une inventivité presque sans limites. Véritable déclaration d’amour à la figure de Spider-Man et ses différentes incarnations, le film nous embarque pieds et poings liés pendant presque deux heures, nous faisant naviguer entre rires et larmes dans ce qui restera certainement le meilleur Spider-Man depuis les deux premières itérations de Sam Raimi. Passionnant dans sa manière de raconter une histoire tout en déroulant des antagonismes poignants, Spider-Man : New Generation s’adresse aussi bien aux têtes blondes qu’aux geeks plus âgées et renoue avec la portée éminemment universelle de son héros auquel il a absolument tout compris. On ne sera pas étonné de retrouver à la production le duo Phil Lord/Chris Miller, les sales gosses derrière 21 Jump Street et La Grande Aventure Lego, tant leur irrévérence empreint de cet amour sincère pour l’univers qu’il explore transparait à chaque image. Projet dingue, pharaonique et empreint d’une liberté rare, Spider-Man : New Generation n’est pas seulement le meilleur Spider-Man il est surtout le meilleur film de super-héros qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps. A ne pas manquer ! (Note : 4,5/5)

Peni (Kimiko Glen), Spider-Gwen (Hailee Steinfeld), Spider-Ham (John Mulaney), Miles Morales (Shameik Moore), Peter Parker (Jake Johnson), Spider-Man Noir (Nicolas Cage) in Sony Pictures Animation’s SPIDER-MAN: INTO THE SPIDER-VERSE.

 

Le Retour de Mary Poppins de Rob Marshall. Avec Emily Blunt, Lin-Manuel Miranda, Ben Whishaw. Sortie le 19 décembre 2018.

A l’heure où Disney continue de livrer des versions live toujours plus aseptisées de ses plus grands succès animés (La Belle et la Bête, Cendrillon, Le Livre de la Jungle) et en attendant un Roi Lion et un Aladdin aussi encourageants qu’une visite chez un dentiste bourré, la perspective de voir Rob Marshall s’attaquer à Mary Poppins avait de quoi faire peur. Pourtant, l’idée de faire découvrir la célèbre nounou à toute une nouvelle génération de marmots n’était pas plus mauvaise qu’une autre. Sans être honteux, le résultat s’avère bien en deçà de ce que l’on pouvait attendre d’une relecture du mythe se réclamant davantage suite que simple remake. Une appellation quelque peu mensongère tant ce Mary Poppins 2.0 reprend nombre de tableaux du film original en changeant quelques détails par ci par là sans toutefois en conserver le charme suranné. Et si l’on pourra toujours arguer que le film assume parfaitement son orientation music-hall à travers des numéros de danse il est vrai très bien exécutés (prouvant par là même que Rob Marshall est meilleur metteur en scène/chorégraphe que réalisateur), on vous met au défi de retenir une seule chanson du film passée la projection. Pas de Supercalifragilisticexpialidocious à l’horizon ni même de chanson entêtante, Le Retour de Mary Poppins étant avant tout pensé comme une bonne grosse meringue mercantile, une sorte de « Mary Poppins on ice » (les patins en glace en moins, le budget en plus) destinée à titiller notre fibre nostalgique en jouant à fond la carte de la sécurité. Pas forcément désagréable en soi si on accepte de jouer le jeu mais qui une fois terminé, s’oublie aussitôt d’autant qu’il se clôt sur un message final sur les bienfaits du capitalisme qui a de quoi laisser un gout amer dans la bouche tant il se révèle à l’opposé du film original. On se consolera avec la présence d’une Emily Blunt absolument radieuse dans le rôle-titre et qui n’a pas à rougir de la comparaison avec une Julie Andrews dont elle est ici la digne héritière. (Note : 2,5/5)

 

Emily Blunt is Mary Poppins in Dinsey’s original musica MARY. POPPINS RETURNS, a sequel to the 1964 MARY POPPINS which takes audiences on an entirely new adventure with the practically perfect nanny and the Banks family.

 

L’empereur de Paris de Jean-François Richet. Avec Vincent Cassel, Freya Mavor, Denis Ménochet. Sortie le 19 décembre 2018.

Ancien espoir du cinéma punchy à la française au même titre qu’un certain Florent Siri, Jean-François Richet s’est quelque peu embourgeoisé après un passage à vide. Mais à la différence de Siri qui, après son très réussi Cloclo s’est fourvoyé dans des comédies franchouillardes (Pension complète) et autres nanar télévisé (l’inénarrable Marseille), Richet, lui, a rapidement fait machine arrière après Un moment d’égarement de triste mémoire. De là à dire qu’il s’est repris en main, il y a un fossé qu’on ne franchira pas, son Blood Father neurasthénique étant surtout sauvé par un Mel Gibson on fire. Le voir retourner au pays en s’attaquant au personnage de Vidocq (revenu de loin on le rappelle, merci Pitof !) dans ce qui s’annonçait comme un polar en costumes nerveux était d’autant plus excitant qu’il marquait une nouvelle collaboration entre le cinéaste et Vincent Cassel dix ans après le plutôt réussi diptyque consacré à Mesrine. Plus qu’un boulevard, c’est un horizon à perte de vue qui s’offrait à Richet pour faire de son Empereur de Paris, LE film qui allait réveiller le cinéma de genre français, son Gangs of New-York franco-français aussi ambitieux visuellement que thématiquement. Passé une introduction efficace démontrant tout le savoir-faire de Richet pour la mise en scène de l’action, L’empereur de Paris s’enlise petit à petit dans une forme de routine. Et le film de passer petit à petit du stade de grande épopée à celui de téléfilm de luxe où chaque acteur joue sa partition sans trop savoir s’il joue dans un film de cinéma ou un épisode XXL de Secrets d’Histoire ! Écrits de manière approximative, la galerie de personnages entourant un Vincent « Vidocq » Cassel en pilotage automatique peine à susciter une quelconque empathie. Ainsi la grandiloquence de James Thierré (petit-fils de Charlie Chaplin), le mutisme de Denis Ménochet ou encore l’apparente fragilité de Freya Mavor apparaissent totalement artificiels tant ses derniers sont sous-exploités malgré un potentiel dramatique énorme. Et ce n’est pas la séquence lorgnant maladroitement du côté des Incorruptibles qui changera la donne. Jamais sublimé, le Paris de Richet est filmé de manière extrêmement plate même lorsqu’il s’aventure dans des bas-fonds désespérément tocs. A trop jouer la carte de l’élégance, Richet fait de son Vidocq, une itération un peu trop bourgeoise là où on attendait à ce qu’il s’encanaille un peu, s’affranchisse des carcans du film historique français propre sur lui. Joliment emballé comme le cadeau de Papy qui renferme des charentaises, L’Empereur de Paris a beau bénéficier d’une photographie soignée, on ne retiendra que son coté trop propret. Et si l’ambition est là, bien palpable, au détour de quelques rares plans de cinéma, Il manque à cet Empereur ce souffle épique qui aurait fait passer tous ses défauts. On voudrait sincèrement aimer L’empereur de Paris ne serait-ce que pour son ambition d’offrir une alternative aux comédies polluant nos productions nationales, mais malheureusement toutes ses belles promesses restent au stade de chimères. Dommage. (Note : 2/5)

Vincent Cassel dans L’Empereur de Paris

 

Bumblebee de Travis Knight. Avec Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr. Sortie le 26 décembre 2018.

On l’avoue sur Cinevibe on n’aime pas trop la saga Transformers . Hormis un 1er et un 4eme épisode rafraichissants, force est de constater que les uber blockbuster de Michael Bay se sont complu dans une espèce de beauferie insupportable. Et alors que Transformers 5 a clairement marqué les limites de la licence, voilà que Paramount nous sort un spin-off sous forme de prequel. Fausse bonne idée ? Bien au contraire ! Contre toutes attentes, Bumblebee se révèle rafraichissant à bien des égards. Tout d’abord de par son cap clairement orienté enfants/jeunes ados. En décidant de clairement lâcher son coté beauf, la saga Transformers s’autorise pour peut-être la toute première fois de clairement jouer la carte de l’enchantement. Passé une intro ultra efficace à Cybertron, Bumblebee se démarque petit à petit du giron Transformers pour raconter avec une sincérité et une simplicité désarmante l’histoire d’amitié entre un extra-terrestre et une jeune fille souffrant cruellement de l’absence de son père. Clairement, Travis Knight chasse sur les terres d’E.T. et ce n’est pas pour nous déplaire. D’où l’agréable impression de se retrouver davantage devant une production Amblin ( ce qui n’est pas le cas ici) qu’Hasbro comme si cette fois Spielberg avait décidé de marquer le pas face à Bay. Situé en 1987, Bumblebee a l’intelligence de ne jamais faire de son ancrage temporel un prétexte mercantile à la Stranger Things mais de l’intégrer parfaitement à sa narration mais jamais de manière trop ostentatoire. Autant de bons points qui sont principalement à mettre au crédit du réalisateur Travis Knight. Pour son premier film live, le PDG du studio Laika (L’étrange pouvoir de Norman, Les Boxtrolls) renoue avec quelques-unes des thématiques fortes de son sublime Kubo et l’armoire magique tout en menant son récit tambour battant ! Sans jamais en faire des caisses, Bumblebee dégage un charme délicieusement suranné tout en se montrant d’une étonnante maturité dans le traitement de ses personnages qu’il n’infantilise jamais à l’image d’une relation Bumblebee/Charlie tout de suite crédible. Et si on pourra reprocher au film certaines facilités scénaristiques et sa propension à avancer sur des sentiers ultra balisés, ce n’est jamais au détriment du plaisir du spectateur qui y trouvera son compte de 7 à 77 ans. Un vrai bon divertissement de Noël aussi attachant que simple. (Note : 3,5/5)

Left to right: Hailee Steinfeld as Charlie and Bumblebee in BUMBLEBEE, from Paramount Pictures.

 

Et voilà pour notre petite sélection hivernale avant une année 2019 qui devrait nous réserver de belles surprises à commencer par le touchant Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis qui sortira le 02 janvier et dont nous vous parlerons forcément. Et comme un plaisir ne se partage pas seul, retrouvez ci-dessous le podcast spécial fin d’année enregistré avec les amis de FanFootage.fr. A bientôt et très bonnes fêtes !