Un film de Robert Zemeckis. Avec Joseph Gordon-Levitt, Charlotte Le Bon, Clément Sibony. Disponible en DVD & Blu-ray dès le 09 Mars 2016 chez Sony Pictures.
Après Flight, Robert Zemeckis continue de tutoyer les cieux dans un conte nettement moins terre-à-terre que son précédent film mais aux thématiques tout aussi passionnantes.
Film : 4/5
Tiré d’une histoire vraie, The Walk raconte l’incroyable pari relevé par Philippe Petit, funambule français qui, en 1974, parvint à rejoindre les Twin Towers sur un fil. Une histoire qui avait déjà été racontée avec beaucoup de talent dans l’excellent documentaire Man on Wire et que Robert Zemeckis remixe à sa sauce. Plus qu’une simple adaptation d’histoire vraie, The Walk est avant tout un conte, une fantasmagorie sur l’épopée d’un homme prêt à tout pour réaliser son rêve. Pour apprécier pleinement le film, il faut en accepter la fantaisie, la malice et laisser tomber ses défenses cartésiennes pour se laisser bercer par sa douce folie ambiante. N’espérez pas voir ici un film « réaliste », tout relève ici du pur fantasme cinématographique : du Paris de carte postale (volontairement montré tel quel) aux seconds rôles tous plus exubérants les uns que les autres (mention spéciale à Ben Kingsley, génial en mentor excentrique). C’est justement ce parti pris de la fantaisie couplé à la réalité des faits qui rend le film si attachant, car il ne rentre justement dans aucune case prédéfinie et parvient par ce truchement à retranscrire toute l’ampleur de cette histoire hors normes. Un côté doux-dingue parfaitement cristallisé par le personnage de Joseph Gordon-Levitt qui parvient à saisir toutes les nuances d’un personnage un peu fou, totalement démesuré mais profondément attachant malgré ses nombreux défauts. Zemeckis revient ici à ses premiers amours et redevient le conteur ludique, rêveur et amoureux de l’image que l’on a toujours connue. Car qu’est The Walk si ce n’est l’histoire d’un rêveur raconté par un autre rêveur ? « It takes one to know one » pourrait ainsi être le leitmotiv de cette traversée vertigineuse (dans tous les sens du termes) empruntant les codes du film de casse pour mieux les détourner avec allégresse. Là où n’importe quel yes man hollywoodien de la trempe de Shawn Levy ou Peyton Reed (Ant-Man) aurait raconté cette histoire de manière triviale, sans autre forme de génie qu’un conformisme poli et poussif, Zemeckis, lui, insuffle à l’ensemble, folie et passion, facteurs déterminants pour rendre cette odyssée passionnante. En cela, on pourrait dire que The Walk figure parmi ses œuvres les plus personnelles tant il regroupe nombre de thématiques qui lui sont chères. A travers le parcours de Petit, c’est sa propre histoire que Zemeckis raconte, celle d’un artiste, un outsider, prêt à relever les défis les plus fous sans s’octroyer d’autres limites que celles de son imagination. Tout comme son héros, Zemeckis est un funambule, chacun de ses films représentant un vrai défi, un dangereux numéro d’équilibriste mu par sa seule foi d’artiste ayant à cœur d’offrir le plus beau spectacle possible. Ce parallèle entre son travail de metteur en scène et celui de funambule, le réalisateur de Retour vers le futur le souligne subtilement, le travail de préparation de Petit faisant autant penser à la préparation d’un casse qu’au tournage d’un film. Ici, comme sur un tournage, la logistique y tient une place importante mais elle n’a pas lieu d’être sans les personnes qui y prennent part. En cela, on pourrait qualifier The Walk de film-somme, théorique, d’autant plus intéressant que Zemeckis y insuffle un ludisme inattendu via un superbe travail sur l’image et les perspectives. En un mot comme en cent : The Walk est une belle histoire qui saura vous accrocher pour peu que vous vous laissiez séduire par sa douce folie.

Blu-ray : 4/5

Image et son : 5/5
Les visuels sont des photos officielles du film et non des captures du Blu-ray.
Injustement boudé en salles, The Walk se refait une beauté pour sa sortie en DVD et Blu-ray et quelle beauté ! Cette édition Blu-ray rend évidemment justice au gargantuesque travail de Zemeckis sur l’image à travers un master au piqué redoutable de précision. Que ce soit au niveau des contrastes, de la profondeur de champs ou des couleurs, tout ici confère à la perfection et on ne peut que baver devant ce que nous réserve l’édition 3D. Du très beau travail pour un film qui ne l’est pas moins. Les pistes audio ne sont pas en reste : la piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 fait preuve d’une belle ampleur et garantit une véritable immersion à travers une spatialisation judicieusement pensée, maintenant un équilibre parfait entre dialogues, musique et effets. Si son homologue français présente les mêmes caractéristiques, elle est toutefois à éviter tant elle fait abstraction du savoureux travail sur les langues française et anglaise qui traversent tout le film. En effet, durant tout le métrage, le personnage de Philippe Petit s’évertue à parler anglais avec un délicieux accent français justifiant à maintes reprises sa démarche et renforçant par là même le décalage avec certains autres personnages français.

Bonus : 2,5/5
A sortie « confidentiel », bonus qui répondent à l’unisson. Alors qu’un commentaire audio de Robert Zemeckis ou le documentaire Man on Wire auraient pu faire office d’excellents suppléments, il faudra se contenter ici de scènes coupées (plus alternatives que vraiment inédites) et trois featurettes plaisantes mais trop superficielles. On retiendra surtout le module intitulé « Premiers pas » qui revient sur la préparation du film, un travail qu’on devine énorme, surtout du point de vue technique, et qui aurait pu faire l’objet d’un vrai et long making of. Dommage.

La bonne vibe : un très joli film à (re)découvrir d’urgence.
La mauvaise vibe : des suppléments trop courts
Pour son arrivée en Blu-ray, The Walk bénéficie d’un très bel écrin, aussi beau techniquement que frustrant sur le plan des bonus. Qu’importe, le film justifie à lui seul son achat, d’autant que la HD lui sied fort bien.