Vibeoclub n°5 : Class 1984

 

Jeunesse = détresse… dans ce nouveau numéro du Vibeoclub, on vous explique pourquoi les jeunes et ben c’est rien que des p’tits cons !

 

En France, lorsque le cinéma évoque les sacrés loulous et autres sauvageons en milieu scolaire, on vivote entre Les 400 coups de Truffaut ou Le Plus beau métier du monde avec notre Gérard national (une comédie pas si mal, soit-dit en passant). Et puis c’est à peu près tout, parce qu’on ne va quand même pas affoler tout le monde. T’imagine l’angoisse, si entre Le Bidgil et Esprits Criminels, on devait se farcir des programmes hardcore qui te feraient flipper rien qu’à l’idée d’approcher n’importe quel Lycée Jules Ferry qui se présente devant toi ? Non mais oh… Laissons plutôt ça aux américains. Parce que c’est des bourrins qui n’ont pas peur d’affoler la ménagère, mais comme c’est pour le fun, on leur pardonne. En tout cas, moi oui ! Bon, il y aura toujours un Will Hunting ou un Cercle des poètes disparus pour te faire croire qu’il y a du bon un peu partout (c’était un foutu rabat-joie quand même, Robin Williams), mais c’était sans compter les rejetons barbares de l’ère Regan qui transformaient n’importe quel bahut en champ de bataille. Avant The Substitute avec Tom Beranger qui faisait des clés de bras à ses élèves avant de balancer par la fenêtre (Oh oui, on en parlera de celui là, un de ces quatre), ou le tout pourri Esprits Rebelles avec Michelle Pfeiffer en sky, il y avait Class 1984 ! Et dans Class 1984, il y a classe ! Déjà le film, qui date de 1982, dépeint un futur bien craignos. Un peu comme 1984 de George Orwell, sauf que la comparaison s’arrête là ! Le réalisateur Mark Lester, qui immortalisera son nom quelques années plus tard avec le cultissime Commando, s’est dit qu’il pourrait faire un film à mi-chemin entre Graine de Violence de Richard Brooks et Rambo… En puis en mode « Bon, Brooks, ça va bien deux secondes, maintenant on va tout faire péter », le gars… Il n’oublie pas qu’il faut envoyer la pâtée. Du coup il raconte l’histoire d’un gentil prof de musique qui débarque à Lincoln, un lycée avec des détecteurs de métaux à l’entrée, quand même. Mais comme c’est un bon gars, campé par Perry King (il ne peut pas être mauvais), l’instit ne s’inquiète pas plus que ça. Même lorsqu’il constate que dans ses cours, des punks fouteurs de merde transforment les salles en squats totalement dépouillés. Perry se dit que la musique adoucit quand même les mœurs, et qu’en véhiculant de bonnes ondes, il arrivera à faire chanter Kumbaya à tout le monde. Parce que c’est un vrai prof. Celui qui est investi d’une mission et qui enseigne avec ses tripes. C’est beau, hein ?

 

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Sauf que les cancres, en face, ils s’en foutent. Royalement, en plus ! Et puis, s’ils ne se contentaient que de taguer les murs, ça passerait encore. Mais ils varient les plaisirs, les mecs : Stegman, le chef de meute, s’amuse à s’envoyer la gueule dans le mur, tout seul ! Comme Patrick Dewaere dans Série Noire. Pour aller ensuite se plaindre au directeur du lycée que c’est l’instit qui lui a fait ça. Du coup, Perry King se dit que le loustic va être dur à maîtriser, malgré un don stupéfiant lorsqu’il s’installe à un piano. Oh merde, alors ! Ils vont nous refaire le coup du jeune loup apprivoisé plein de bons sentiments ? Franchement, si c’était le cas, on ne parlerait même pas du film ici ! Fort heureusement, Class 1984 préfère laisser la morale de côté et assumer plein pot son caractère réac en revanchard en prenant parti pour les adultes. Les ados, c’est le mal ! Bon, certes, ça l’est toujours aujourd’hui si on se réfère à la qualité des messages qu’ils postent sur twitter, mais dans le film ils sont vraiment inquiétants. En même temps, y’a de quoi : Stegman et sa bande prennent soin de charcuter les gentils mascottes d’un autre gentil prof (Roddy McDowall) en faisant gicler le sang partout, poussent le pauvre vieux au suicide, s’arrangent pour que le souffre douleur de la classe (Michael J Fox, tout petit!) finisse pendu devant l’établissement, et organisent enfin un viol collectif sur la femme du héros. Vous l’admettrez, ça commence à devenir un peu fort de café cette histoire. Alors du coup, la diplomatie n’étant pas le réflexe premier du metteur en scène, le film joue habilement la carte de la surenchère dans la confrontation en le prof et son élève/ennemi juré, qui gravissent de scène en scène un échelon de plus en plus provocateur pour finir dans de la quasi boucherie. Pseudo film d’anticipation sociale qui ne se revendique à aucun moment comme horrifique, Class 1984 n’hésite pourtant pas à afficher une violence, on va l’admettre, quand même bien jouissive. Au moins autant que peut l’être un Charles Bronson qui se sert d’outils de jardinage pour régler ses problèmes. Le Lycée Lincoln disposant d’un atelier bricolage avec chalumeau et autres scies circulaires, on vous laisse un peu imaginer la variété du carnage.

 

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Si son discours reste bête à manger du foin, Class 1984 a quand même pour lui cette qualité de ne pas feindre une démagogie positive de comptoir, puisque Mark Lester sait bien qu’il n’a pas les épaules pour dresser une telle œuvre. En misant sur l’outrancier, l’action et un nihilisme détonnant, il livre malgré tout une œuvre marquante, étrangement divertissante, et généreuse dans son jusqu’au-boutisme. En tout cas, sans nul doute l’un des meilleurs du genre. Alors côté vidéo, Class 1984 a eu une carrière assez modeste en DVD. Bien qu’une sortie chez nous au début des années 2000 aura permis au distributeur PVB d’afficher fièrement un énorme logo DTS sur la jaquette ! Côté Blu-Ray c’est le calme plat…. Mais plus pour longtemps puisque Shout Factory proposera un collector assez fourni dans les prochains jours. En zone A uniquement, par contre. Et croyez moi, ça ne m’excite pas plus que vous de finir cette chronique sur une note négative !