Vibeoclub n°7 : Shocker

 

Parce qu’il n’y a pas que les Oscars qui ont le droit de rendre hommage à Wes Craven le Vibeoclub a décidé de sortir de ses étagères l’un des films les plus mesestimés et fun du papa de Freddy. Shocking ? Non Shocker !

 

Ouais on sélectionne les films de la rubrique (enfin, certains) en fonction de leur jaquette… Et alors, ça te gène? Tu fais quoi, toi, quand tu vas louer la cassette vidéo d’un film de flippe à regarder après Sébastien c’est fou !, le samedi soir ? Pareil ! Et normalement, tu as du repérer régulièrement celle de Shocker arborant son espèce de taulard, tout d’orange vêtu, qui passe sur la chaise électrique avec sa tête de dégénéré et toute une batterie d’éclairs autour de lui. Et contrairement à ce que tu peux croire, sale enfant de la télé, ce n’est pas Philippe Etchebest, le gars qui relance des restaurants en péril en aboyant sur leurs gérants. Mais reste, hein, c’est pas si mal quand même. Et puis c’est réalisé par Wes Craven, alors merde, un peu de respect ! Surtout que la dernière chose en date que le défunt nous a laissé, c’est My Soul To Take, réalisé certes avant Scream 4 mais sorti chez nous en France en octobre 2014… soit quatre ans après sa sortie salles aux US . Un truc tout pourri. Puis au delà de velléités obséquieuses, c’est le gars qui a peiné pour obtenir son statut de maître de l’horreur (pourtant c’est écrit au dos de la cassette, chef) à côté des tauliers Carpenter, Romero and co, mais à qui l’on doit La Dernière maison sur la gauche, le premier Scream, ses suites moisies et surtout Les Griffes de la nuit. Et Les Griffes de la nuit, c’est le film qui a mis New Line sur le devant de la scène. Donc sans Freddy, pas de New Line. Et par extension, sans Wes Craven, pas de Seigneur des anneaux… Ça permet quand même de relativiser les choses, hein ? Bon, on me signale que sans Le Seigneur des Anneaux, pas d’Eragon

 

SHOCKER, 1989, electric chair
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En tout cas, à défaut d’être le maître de quoi que ce soit, le néanmoins sympathique Wes Craven avait bien cerné que c’était pas dur de concevoir une franchise reposant sur un boogeyman (surtout en le rendant immortel sur le papier) et donc d’engranger des brouzoufs en capitalisant bien sur le personnage. Même si vous en avez vite eu marre de Freddy, c’est en allant voir quand même les suites que papy Wes a pu s’offrir ses diverses résidences secondaires. Pas folle la guêpe. Et puis, comme il comprenait qu’à l’époque déjà les suites et suites de suites développaient les origines de ces fameuses icônes, il s’est dit qu’avec Shocker, non seulement il allait créer le nouveau monstre en vogue, mais qu’il raconterait son histoire dès le premier film. Pas totalement idiot sur le papier puisque ça aura au moins le mérite de raconter une histoire bicéphale où, à l’instar d’Une Nuit en enfer de Robert Rodriguez, on aura droit à deux films en un. Le genre de truc créant la surprise et relançant l’intérêt pendant le visionnage. Shocker ça raconte donc l’histoire d’Horace Pinker, un tueur en série de la pire espèce qui non content de tuer (déjà, c’est pas cool), décide en plus de s’acharner sur la famille du flic qui essaie de l’arrêter. Faut rien lui dire, le mec. Et c’est le fils du condé en question, campé par un jeune Peter Berg, qui parvient à lui mettre la main dessus à force d’acharnement, après que sa nana se soit également faite charcuter. Il rigole pas, Horace. Donc oui, Peter Berg n’est pas seulement le réalisateur d’un seul bon film (Very Bad Things) et de pas mal d’autres trucs sans intérêt (Hancock, Battleship), c’est aussi un comédien qui se fait rare. C’est un peu le Patrick Braoudé américain : il réalise plus de films qu’on ne lui en propose en tant qu’acteur… Et Horace, joué par Mitch Pileggi (le boss du FBI dans X-Files, mec) va vite payer ses méfaits en passant illico presto sur la chaise électrique. Pourtant, avant de clamser, il se met à menacer tout le monde en jurant de revenir de manière insaisissable et continuer son œuvre. C’est chiant pour les personnages, mais rassurant pour nous parce que ça fait tout juste une heure qu’on a lancé le film et ça serait dommage que ça s’arrête déjà…

 

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Du coup, ce que les gentils du film n’avaient pas prévu (en même temps, comment prévoir un truc pareil…) c’est que le méchant avait deux passions: d’une part, le vaudou avec tout ce que les incantations démoniaques ont de de pratique quand un scenario est en manque de prétextes. D’une autre part, Horace aimait bien triturer les appareils électriques en tout genre, pour le fun… Il aurait pu mener une vie paisible en ouvrant une petite boutique de réparation de magnétoscopes et dépannages divers, mais le gars a préféré se servir tout ça pour torturer des pauvres filles. En tout cas, en combinant ses deux hobbys, son passage sur la chaise électrique lui offre un pouvoir sensationnel : se déplacer à travers les ondes TV pour se rendre plus rapidement chez n’importe qui et continuer son œuvre. En gros, tu regardes Sébastien c’est fou !, tranquille sur ton canapé, et là Horace débarque dans l’émission pour zigouiller Patrick Sébastien et sort ensuite de l’écran pour s’occuper de toi. Sadako-style ! Critique de la société de consommation, tout ça… Peter Berg, n’ayant pas le temps de travailler sur le scenario de Battleship, se lance alors à sa poursuite. S’en suit une séquence un peu lol où les gus se courent après de chaînes de TV en chaînes de TV jusqu’à la simili mort du méchant. Ça rappelle un peu Monstres et Cie en live, et c’est cool. On est plus proche de Ça cartoon que de Freddy, à ce moment-là, mais ça permet à Craven de raconter quand même une histoire globale plutôt qu’un bête slasher tout en abordant des thèmes assez classiques de son répertoire (famille éclatée, mort du parent, confrontation à la Hansel et Gretel, les inter dimensions, etc.…). Et pour ceux qui voudraient voir le Shocker un peu plus en action, le réalisateur laisse la porte ouverte pour le second opus. Grand bien lui en a fait, le film s’est tellement bien banané au box-office qu’Universal a gentiment décliner d’investir un rond supplémentaire dans cette aventure. Ayant quand même nourri un petit culte au fil des ans, comme tous les produits un peu abstraits de l’époque, Shocker n’est pas totalement oublié et est trouvable aujourd’hui un peu partout en DVD. Mais mieux encore, c’est à nouveaux nos amis de Shout Factory qui ont édité un Blu-Ray collector il y a quelques mois avec plein d’interview inédites…

 

 

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